Bon connaisseur de l’Irak, l'auteur avait pu, notamment, suivre sur le terrain les péripéties du long conflit qui avait opposé ce pays à l’Iran. Aujourd’hui, alors qu’une crise majeure place son président, Saddam Hussein, sur le devant de la scène, il tente d’expliquer les mobiles de son action.
La logique de Saddam Hussein
L’invasion du Koweït par les troupes irakiennes, le 2 août, a surpris, semble-t-il, tous les observateurs des affaires arabes. A-t-elle vraiment pris de court les services de renseignement occidentaux, notamment ceux américains, comme on a pu l’avancer ? Si oui, cela supposerait un manque de connaissance profond du système établi à Bagdad depuis 1968, de la personnalité du président Saddam Hussein, de la revendication hégémonique du parti Baas dans la région. Cela traduirait, aussi, une mauvaise appréciation de la montée en puissance continue, à la fois politique et militaire, de l’Irak depuis le cessez-le-feu de juillet 1988 sur le front irako-iranien, émaillée d’incidents multiples ces derniers mois, pour ne pas parler du rassemblement massif de troupes irakiennes, face à la frontière koweïtienne, appuyant les mises en garde lancées, tout au long du mois de juillet, de la capitale, Bagdad. Ceux qui en doutent avancent, ou en concluent, que l’« affaire du Koweït » est, peut-être, plus complexe qu’il n’y paraît. Ce ne sera pas, ici, l’objet de notre réflexion.
Dans une situation très évolutive — ce qui est le propre des affaires orientales, avec des retournements de situation parfois surprenants —, on se gardera d’analyser les événements qui courent, en bâtissant des scénarios, dont peut-être aucun ne correspondra à la réalité qui nous attend. En revanche, il paraît plus intéressant de se livrer à une courte réflexion sur le mode de fonctionnement de l’État irakien, sa stratégie de domination dans le Golfe et au-delà, et ses objectifs plus précis concernant le Koweït. Il existe une cohérence, évidente, entre le discours et l’action, soutenus par des structures destinées à les rendre les plus efficaces possible. C’est cette « logique de Saddam Hussein » qui, depuis 1979, date à laquelle, cessant de les partager avec son aîné, Ahmed Hassan al-Bakr, l’actuel chef de l’État exerce tous les pouvoirs, conduit l’Irak. Une logique qui n’est pas à l’abri d’erreurs d’appréciation, ainsi que pourrait le montrer l’aventureuse expédition sur le Koweït.
Sous couvert du parti Baas
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