La Corée du Nord n’avait pas fait l’objet d’article dans notre revue depuis longtemps. Le tableau que brosse l'auteur de la situation de ce pays et de ses habitants nous semble quelque peu idyllique ; il y a quelques mois, de telles appréciations étaient faites sur certains pays de l’Europe de l’Est ! En fait, il nous paraît impossible maintenant de laisser un peuple dans l’ignorance de ce qui se passe en dehors des frontières, même en occultant la télévision. De plus, il est bien difficile de porter un jugement sur les sentiments d’un Asiatique, et l’auteur en est bien conscient.
La Corée du Nord, dernier bastion du socialisme
Après l’effondrement des régimes communistes d’Europe de l’Est en 1989, et la rupture opérée par la Chine, dès 1978, avec les principes socialistes de développement, seuls subsistent à travers le monde quatre régimes qui osent se réclamer du communisme : l’Albanie, Cuba, le Vietnam, et la Corée du Nord. Les trois premiers sont soumis à des tensions terribles et semblent moribonds. Seul, le régime coréen paraît destiné à survivre et peut-être même à servir désormais de référence et de modèle aux militants communistes désemparés du monde entier. Il y a là un paradoxe, dans la mesure où ce régime est celui qui a poussé le plus loin le collectivisme et le culte de la personnalité, celui aussi qui, prétendant dépasser la stricte doctrine marxiste, était jusqu’ici considéré, pour cette raison, avec une extrême suspicion par ces mêmes militants. Mais c’est précisément à ces caractères propres que le communisme nord-coréen doit de survivre.
Il est vrai que l’expérience nord-coréenne bénéficiait au départ de conditions exceptionnellement favorables. D’abord, il faut le rappeler même si cela peut paraître une évidence, la Corée est un pays d’Extrême-Orient, c’est-à-dire dont la culture et le mode de pensée ont été imprégnés, au plus profond, par le bouddhisme et le confucianisme. Or le premier, qui assigne à l’être individuel l’objectif suprême de se dissoudre dans l’univers au terme de réincarnations successives dans diverses enveloppes charnelles, n’attache à l’homme en tant que tel qu’une importance incomparablement plus faible que la religion chrétienne ; le second prêche, en toutes circonstances, la soumission à l’autorité, et fait de la discipline une vertu cardinale des peuples.
En second lieu, la Corée, au moment où commence vraiment son expérience, c’est-à-dire au milieu des années 50, était un pays totalement ruiné. Colonie mise en coupe réglée par le Japon entre 1905 et 1945, elle avait vu les « libérateurs » soviétiques démonter au titre des dommages de guerre les quelques usines que les Japonais y avaient construites. Puis pendant trois ans, entre 1950 et 1953 (1), elle va subir une guerre impitoyable qui, faisant quatre millions de morts (dont la moitié de civils), anéantira complètement les principales villes et de nombreux villages, avec, sur la partie Nord dix-huit impacts de bombes au kilomètre carré.
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