La situation générale dans le Sud-Est asiatique
Je suis particulièrement reconnaissant aux organisateurs de cette soirée du choix de leur terminologie. En effet le terme de péninsule indochinoise me semble rassembler une réalité géopolitique plus actuelle que celui, entaché de connotations affectives, d’Indochine.
Ce terme m’est d’autant plus sensible qu’il a été créé par mon maître Georges Cœdès dans son prestigieux travail sur les peuples de la péninsule indochinoise, mais j’éliminerai un pays, que Cœdès place dans celle-ci, qui est le Myanmar, nouveau nom de la Birmanie. Nous ne parlerons donc pas de cette dernière, encore qu’elle ait subi des influences communes à la péninsule dans le passé et qu’au terme d’une lente évolution elle pourrait s’associer à cette entité qu’est le Sud-Est asiatique.
Cette péninsule indochinoise au sens strict, ce sont les trois États issus de l’Indochine française : Vietnam, Cambodge et Laos, ainsi qu’un pays qui a joué et jouera un rôle important, peut-être discutable, la Thaïlande, autrement dit le Siam de naguère dans la terminologie de Cœdès. Cette péninsule indochinoise s’inscrit donc dans ce grand ensemble de l’Asie du Sud-Est ; elle se prolonge par la péninsule malaise qui comporte une partie de la Malaisie et Singapour ; enfin, encadrant le tout, ce vaste ensemble archipélagique du Nousantara, qui veut dire tout simplement archipel en malais et qui a donné naissance dans le monde moderne à deux grands États, les Philippines et surtout l’Indonésie. Telle est donc la configuration de cette Asie du Sud-Est avec, pour être complet, dans l’île de Bornéo le sultanat de Brunei, dernier né des États indépendants de la région, véritable émirat pétrolier.
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