En janvier 1991, l'auteur, diplômé de l'Institut de langues et civilisations orientales (Inalco) ainsi que de l'Institut américain de Taïwan, nous avait présenté cette petite république libre, dont la prospérité est sans commune mesure avec celle de la « grande terre ». Ici, il étudie les conditions d'une réunification des deux Chines : certains éléments sont favorables, mais d'autres constituent des obstacles qui paraissent difficilement surmontables.
Quelle réunification pour la Chine ?
Tandis que l’empire soviétique éclate, qu’en Europe l’Allemagne se réunifie, en Asie la partition de la Corée se trouve provisoirement renforcée par l’admission à l’Onu des deux républiques rivales. Ces événements très différents et très éloignés les uns des autres sont aussi l’une des conséquences du recul du marxisme dans le monde.
Dans ce contexte très mouvant, on peut s’interroger sur l’avenir de la Chine. D’un côté la grande terre, pour l’heure encore fermement unifiée sous la règle communiste, considère Taïwan comme une région en dissidence. De l’autre, refusant le marxisme, les héritiers de Tchang Kaï-chek affichent toujours l’espoir de réunifier le vieil empire du Milieu en y installant un régime moins coercitif alliant la tradition et le modernisme selon le vœu de Sun Yat-sen, le père fondateur.
Sur la scène internationale, la situation était très claire il y a encore quelques années. Le géant communiste, membre permanent du Conseil de sécurité et universellement reconnu, exerçait une pression constante sur la petite république de Chine, privée de toute reconnaissance internationale après avoir perdu son siège à l’Onu en 1971. Ainsi, fort de son milliard d’habitants, l’imposant dragon avait une existence légale, tandis qu’en face, à quelques encablures en mer de Chine, celui qui allait devenir plus tard l’un des quatre petits dragons, n’était qu’un « non-État », entretenant des relations diplomatiques officielles avec seulement une vingtaine de pays, dont les seuls à revêtir une importance internationale sont aujourd’hui encore l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et le Vatican. Plus encore, le développement des relations officieuses avec les grands pays développés ne se fit plus qu’avec l’accord de Pékin, qui menaçait de représailles chaque fois que les liens devenaient trop étroits.
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