Il y a une dizaine d’années seulement, la mise au pluriel de l’expression « Tiers Monde » relevait pratiquement de la provocation ⁽¹⁾. Aujourd’hui, la diversité des situations dans les sociétés dites « en développement » est tellement évidente que ce pluralisme est très communément admis. Une telle réalité crève les yeux des observateurs tant soit peu attentifs et point trop obnubilés par des postulats maintenant dépassés et entachés de pure nostalgie. En effet, l’idéologie créative du concept même de tiers monde, sinon l’expression elle-même, n’en finit pas de se dissoudre alors même que le second de ces mondes, le socialiste, est en voie de « tiers-mondisation » plus ou moins brutale !

Les débris du Tiers Monde

Certes le Tiers Monde survit tant bien que mal, au moins formellement, à travers des institutions quelque peu hétéroclites ou vétustes ; un « G quinze » a vu le jour, il y a trois ans, composé de quinze États en développement, comme le nom de ce regroupement l’indique explicitement ; la récente réunion de la Banque mondiale à Bangkok a fait apparaître un « G vingt-quatre » par adjonction de nouveaux membres ⁽²⁾.

Le rôle de ces instances serait d’amorcer puis d’entretenir un dialogue cohérent avec le « G sept », réunissant sept des principaux pays industrialisés et qui, quant à lui, fonctionne par le biais de rencontres périodiques ; ses décisions collégiales ont une influence incontestable sur la marche du monde dans le domaine économique ; il détermine d’ailleurs, plus ou moins directement, les orientations des grandes institutions financières mises en place naguère par les accords de Bretton Woods ⁽³⁾.