Nous avons suivi de près le débat conscription-armée de métier depuis qu'il a resurgi, amplifié par la perspective de réduction des budgets militaires. L'auteur, contrôleur des armées, a approfondi le cas britannique : au début des années 1960, la conscription a disparu au Royaume-Uni. Cette étude, très fouillée, est intéressante à plus d'un titre, mais les conclusions en sont-elles transposables à un autre pays ? Personne actuellement ne répond à cette question !
De la conscription à l'armée de métier : le cas britannique
Le 16 mai 1963, le sous-lieutenant Richard Vaughan est le dernier appelé rendu à la vie civile par les forces armées britanniques ; cet événement marque le retour à une situation traditionnelle de recrutement par le volontariat au Royaume-Uni, au terme d’une phase transitoire de cinq années.
À l’exception des périodes de conflits mondiaux, de 1916 à 1918, et à partir de 1939, les besoins en combattants des armées britanniques ont en effet toujours été satisfaits par des personnels engagés. Cette pratique repose sur le principe de la primauté de la liberté de l’individu affirmé en matière de justice par l’Habeas Corpus Act dès 1679 ; ce principe rend insupportable, en dehors de circonstances tout à fait exceptionnelles, la contrainte physique pour assurer la défense du pays. Pour réaliser cette mission essentielle à la survie de la collectivité, la volonté de sauvegarder l’intégrité territoriale et les intérêts supérieurs de la nation doit être suffisamment développée dans la société pour susciter des volontariats en nombre suffisant.
Une tradition aussi forte explique l’exigence de circonstances exceptionnelles pour l’instauration d’un service militaire obligatoire, ce qui est évidemment le cas en 1939. Dès la fin de la guerre, le gouvernement se trouve confronté à un dilemme entre sa volonté de supprimer le service militaire et l’obligation de faire face à ses engagements hors du Royaume-Uni. La seconde option l’emporte et une nouvelle loi sur le service national est présentée au Parlement en juillet 1947, qui prévoit une durée de service obligatoire d’un an pour les jeunes gens âgés de 18 à 26 ans, suivie d’une période dans la réserve de 6 ans.
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