L’Afrique nous inquiète, car après trois décennies d’indépendance ce continent ne semble pas en voie de résoudre ses immenses difficultés. Trois spécialistes ont bien voulu apporter leur témoignage, nous permettant ainsi de constituer un dossier que nous avons intitulé « Questions africaines », et qui aborde deux domaines essentiels : politique et économique.
Vers la démocratisation de l'Afrique
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la « rationalisation du parlementarisme » vise — en usant de certains mécanismes — à acclimater les institutions démocratiques dans les nouveaux États de l’Est européen qui n’en ont jamais connu. L’échec est patent et, via la crise économique, débouche dans l’ensemble sur le fascisme. Aujourd’hui, après cinquante ans de totalitarisme, les difficultés d’adaptation, assorties ici ou là de graves conflits, que connaissent les anciens pays satellites et leurs voisins issus du démembrement soviétique, montrent une fois encore combien est délicat le fonctionnement de la démocratie dont, en France même, on ne saurait affirmer qu’après deux siècles d’expérience nous tirons toujours le meilleur parti.
Que dire de l’Afrique où, au lendemain des indépendances, ni la formation politique acquise par certains « leaders », ni le mimétisme constitutionnel, reflet pourtant de l’acceptation de la règle occidentale, ne résistent au contexte local ! À de rares exceptions près, le continent dérive vers le coup d’État militaire et le parti unique. Le charisme, l’arbitraire et le culte de la personnalité sont entremêlés ; tous les modèles de développement font faillite ; le socialisme, bientôt brandi comme formule magique de remplacement, ne parvient pas à engendrer la modernité. Cependant, l’environnement social et économique jouant, qu’il soit d’ordre international ou interne, voilà que la démocratie resurgit brusquement comme une sorte de panacée ! Fièvre passagère, illusion éphémère ou remède sans succédané ? Il convient de nous le demander.
Origines
Certains analystes africains nient l’impact des bouleversements à l’Est sur les pulsions libérales qui secouent le continent, et évoquent plutôt les émeutes d’Alger d’octobre 1988, d’où naît le « multipartisme » avec le bonheur que l’on sait… Le seul fait, pourtant, qu’on parle depuis La Baule de « Paristroïka » prouve que « l’effet Gorbatchev » est sous-jacent, même si « l’effet Ceaucescu » — les médias aidant — l’emporte de beaucoup, le régime familial de Bucarest apparaissant avec ses enflures bien plus proche de l’Afrique que celui, triste et rigide, de l’URSS. L’événement montre en tout cas que le pouvoir et le parti le plus puissant peuvent s’effondrer quasi instantanément sous la pression populaire. Pour plus d’un, il n’en faut pas davantage pour que l’espoir naisse.
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article