Voir le n° de novembre de la RDN : « Cavallero veut attaquer Malte ».
« Malta et Nafta ». Comment l'Axe perdit la guerre en Méditerranée (II) Rommel triomphe de Cavallero
L’évolution de la situation en Libye réclamait de nouvelles décisions. Celles de Cavallero ne se firent pas attendre outre mesure. Recevant, le 17 mars 1942, le maréchal Kesselring et le général von Rintelen il leur exposait, après avoir fait le point sur la question de Malte dont il fallait à tout prix entretenir la neutralisation, son opinion sur les opérations en Afrique du Nord (56) : il convenait de penser d’ores et déjà à la campagne qui conduirait les alliés de l’Axe de Gazala à Alexandrie et au canal de Suez ; aussi bien fallait-il s’emparer de Tobrouk au plus tôt, mais il ajoutait en propres termes : « Tobrouk tombé, on ne pourra ni l’on ne devra pousser en avant de la même haleine. Il faudra faire une pause. Tobrouk — le Nil, n’est de la poésie ». Le lendemain, il exprimait la même idée à Rommel, avant de le conduire à l’audience du Duce (57). Ces conceptions prirent corps dans sa directive du 23 mars 1942, dont il commentait les dispositions de principe, le 5 mai suivant, aux généraux Bastico et Barbasetti, s’étant rendu à Barcé par la voie des airs.
Il s’agissait, leur répétait-il : 1° d’attaquer, toutes forces réunies, les éléments mobiles de l’adversaire qui se trouvaient déployés devant Tobrouk, de les battre, d’enlever Tobrouk et de pousser par la suite sur Bardia, Halfaya et Solloum ; 2° ce faisant, d’éviter à tout prix une usure exagérée des forces de l’Axe ; 3e au cas où l’ennemi refuserait la bataille, d’éviter pareillement de se laisser entraîner à combattre sur deux fronts, en menant parallèlement le siège de Tobrouk, ainsi qu’une campagne défensive sur la ligne Bardia-Solloum, comme on l’avait fait l’année précédente ; 4° de ne porter aucun préjudice à l’exécution de l’opération C 3, soit à l’attaque de Malte, essentielle au développement ultérieur de la guerre en Méditerranée ; 5° de limiter dans le temps comme dans l’espace l’offensive de Marmarique. Quel que fût son succès ou son échec, tous les renforts aériens que l’on mettrait à la disposition de Rommel devraient, le 20 juin 1942, avoir réintégré leurs bases de Sicile (58).
C’est que les préparatifs de l’Esigenza 3, aussi surnommée Hercules, commençaient à prendre forme et qu’on en avait fixé le jour J au 1er août 1942. Durant le premier semestre de cette année décisive, en dépit de ses tournées d’inspection sur le front de Libye, d’une mission à Budapest et de sa participation au Conseil de guerre de l’Axe qui réunit Hitler et Mussolini au Berghof, les 29 et 30 avril, Cavallero, dans son Journal, ne revient pas moins d’une cinquantaine de fois sur l’action projetée contre Malte, soit qu’il reçût les rapports du général Gandin, chef de l’État-major qu’il avait constitué pour l’étude de cette opération, soit qu’il en discutât avec Kesselring, von Rintelen et Weininger, ce dernier attaché de l’Air près l’Ambassade du Reich à Rome pour définir et régler la participation de la Wehrmacht et de la Luftwaffe, soit même qu’il sollicitât dans le même but les suggestions des Japonais.
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