L’étude qui vous est proposée fait suite à celle rédigée par Pierre Jacob dans notre livraison de décembre 1992 et consacrée essentiellement à l’Éthiopie. Dans cet article très documenté, l'auteur évoque surtout les données historiques et humaines qui ont engendré le drame somalien. En conclusion, il se livre à des réflexions d’une actualité brûlante sur l’engagement des Nations unies.
L'enfer somalien
L’émotion suscitée par l’ampleur de la tragédie somalienne a provoqué l’intervention militaire des Nations unies à des fins humanitaires. Un rappel historique et un examen approfondi de l’extraordinaire complexité du système clanique permettent d’expliquer la dégradation de la situation, puis l’installation de l’anarchie dans cette partie agitée de la corne de l’Afrique, où les conflits internes (Éthiopie, Soudan, Djibouti) alimentent en armes les factions les plus diverses.
Une histoire agitée
Pendant longtemps, la côte servit de relais pour les commerçants arabes et persans qui islamisèrent le pays. Placée sous la domination du sultan de Zanzibar au début du XIXe siècle, la région fut ensuite colonisée par la Grande-Bretagne à partir de 1884, puis par l’Italie en 1889. En 1941, les Anglais occupèrent la Somalie italienne au sud qu’ils rendirent à la tutelle de Rome en 1950. Les Britanniques conservèrent toutefois leurs positions dans la partie septentrionale (British Somaliland). Pendant près d’un siècle, la Somalie a ainsi été ballottée par l’influence de deux puissances européennes.
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