En juin 1993, François Dieu a publié un article fort intéressant sur la Gendarmerie nationale et la Défense opérationnelle du territoire (DOT), sujet trop rarement abordé à notre avis. L'auteur, inspecteur de la DOT, a souhaité apporter un certain nombre de précisions et ainsi faire le point des dernières évolutions de cette forme de défense.
La défense opérationnelle du territoire est-elle toujours d'actualité ?
La défense opérationnelle du territoire (DOT) est le produit d’une réflexion conduite dans les années 60. Il s’agissait, dans la perspective d’une agression par les forces du Pacte de Varsovie, impliquant le déploiement initial puis opérationnel du corps de bataille, de s’opposer sur le territoire national à l’action d’éléments ennemis agissant en liaison avec les forces de l’agresseur. Or la récente transformation du contexte géostratégique a profondément changé les conditions de notre défense. Avec l’éclatement de l’URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie, la menace principale majeure à laquelle notre pays devait faire face, celle d’un engagement en Europe contre de très puissantes forces blindées et mécanisées, a brutalement disparu.
Cependant, tout en levant une hypothèque qui pesait lourdement sur notre corps de bataille, l’effondrement du système soviétique a permis ou facilité l’émergence de menaces nouvelles et surtout fait craindre l’apparition de nombreuses sources de conflit en Europe ou dans le reste du monde, que la prolifération des armements pourrait alimenter. Il faut en conséquence de plus en plus considérer qu’une crise susceptible d’ébranler profondément notre pays pourrait avoir bien d’autres causes qu’une agression ouverte. Elle pourrait résulter de la combinaison des risques grandissants d’une civilisation technique et urbaine et d’actions indirectes par le moyen du terrorisme. À l’alternative paix-guerre, s’est substituée une situation de « ni paix ni guerre » qui rend plus difficile l’appréciation des menaces pouvant peser sur notre sécurité.
Dans cette situation, nos vulnérabilités sont à la fois techniques et psychologiques. Les premières tiennent au haut degré de perfectionnement et de concentration de nos moyens de production, d’information et de gestion, et peuvent apparaître dans les systèmes informatiques, qui commandent une grande partie de l’activité économique, les sources et les réseaux de distribution d’énergie, les installations de haute technologie, les réseaux de communication, l’infrastructure des transports, les installations de la FNS, les lieux de rassemblement de la population. Les vulnérabilités psychologiques relèvent de notre fragilité de peuple nanti, peu apte à résister aux privations et encore moins au chantage.
Il reste 81 % de l'article à lire
Plan de l'article