En juillet 1991, Mme Hiroko Yamane avait décrit de façon très explicite les conséquences de l’attitude adoptée par le Japon lors du conflit du Golfe. Deux années ont passé, les esprits ont un peu évolué et le Japon participe maintenant, financièrement mais aussi « physiquement », aux opérations de restauration de la paix au Cambodge. Ici, l'auteur, qui connaît bien le Japon et ses habitants dont il parle la langue, approfondit cette évolution de la diplomatie japonaise malgré une opinion publique qui reste très « isolationniste ».
Prélude à l'émergence de la diplomatie japonaise
Les nouvelles conditions créées par la fin de la guerre froide favorisent une action accrue des Nations unies dans leurs efforts en vue de la préservation de la paix et de la sécurité internationales, voire de l’édification d’un nouvel ordre mondial. À ce titre, les opérations de maintien de la paix sont appelées à devenir de plus en plus importantes.
Contrairement à une assertion trop répandue, le Japon n’est pas un « nain diplomatique » ; il le fut d’ailleurs peu au cours de sa longue histoire. Toutefois, c’est un géant économique non doté, ou pas encore, des attributs d’un supergrand : il ne dispose ni d’une diplomatie totalement autonome, ni du bras que confèrent les terrifiants arsenaux militaires. Vise-t-il même l’hégémonie politique tant il semble mesurer combien celle-ci serait porteuse de contraintes nouvelles, de tracas et de dépenses supplémentaires ? Le rôle suranné de gendarme en Asie ne l’enchanterait guère et lui sourirait encore moins. Si le Japon joue désormais un rôle majeur dans la plupart des organisations internationales, s’il jouit lors des sommets du G7 d’un prestige certain, la seule organisation où il estime ne pas être représenté comme il se doit est le Conseil de sécurité de l’Onu.
Lors d’une visite à Tokyo, le 15 février dernier, M. Boutros-Ghali n’a pas hésité à déclarer qu’une participation plus active du Japon à toutes les initiatives de l’Onu serait « une condition du renforcement et d’une plus grande démocratie » au sein de l’Organisation mondiale et contribuerait à « renforcer la stature politique de Tokyo ». La mention faite d’un accroissement du poids politique de ce pays peut être perçue comme une référence à l’attente de celui-ci d’obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article