L’analyse que nous livre aujourd’hui l'auteur prolonge et amplifie celles qu’il nous avait données précédemment sur ce même thème (1988 : « Trois voies pour la France » et « La mesure de l’Europe » ; 1989 : « Le génie de la France, demain » ; 1990 : « Les quatre coins de la défense ») : sur quels principes asseoir notre politique de défense, vers quelles structures faire porter nos efforts ? Les éléments de doctrine qu’il avance illustrent cette nouvelle évidence : garder la France en sécurité requiert un comportement plus actif, plus entreprenant que la défendre contre un ennemi désigné. Cette exigence est sans doute à l’origine du Livre blanc, comme du projet de « conférence sur la stabilité en Europe ».
Sécurité et initiatives
La perspective de paix n’a pas fini de nous surprendre. L’effondrement du communisme mondial, en annonçant le retour des temps ordinaires, libère bien des hypothèques et autorise bien des projets ; la communauté internationale reprend son travail de coexistence dans la compétition. La sécurité de la France pourrait en sortir renforcée, si l’on veut bien changer de posture et reprendre l’initiative ; le temps du mouvement est revenu.
Rarement, en effet, la France a connu une situation militaire aussi favorable, avec un tel réseau de solidarités en Europe et une telle profondeur stratégique à l’Est. La pression militaire extérieure s’est évanouie, qui contraignait jusqu’ici notre politique de sécurité (1) à s’identifier (et donc à se limiter) à une politique de défense.
La liberté d’action en partie retrouvée permet de passer d’une défense dimensionnée par la menace soviétique à un système de sécurité plus large, capable de soutenir des ambitions politiques accrues dans un champ de risques diversifiés (non exclusivement militaires).
Il reste 94 % de l'article à lire
Plan de l'article