Depuis plusieurs années, l'auteur s’occupe de la préparation linguistique d’examens militaires et civils. Il nous livre ici une étude approfondie sur l’importance croissante de la connaissance des langues étrangères, en particulier de l’anglais en raison de l’universalité de sa diffusion. Une politique a été mise en place dans l’Armée de terre pour rattraper le retard que nous avions pris dans ce secteur qui conditionne la bonne marche des échanges mondiaux. Cette nouvelle dynamique doit cependant agir à une plus grande échelle et concerner le maximum de cadres, d’active et de réserve, si l’on veut que notre pays soit mieux intégré dans les systèmes d’alliances internationaux.
La politique des langues dans l'Armée de terre
Depuis quelques années les forces françaises ont été engagées dans de nombreuses opérations interalliées (Liban, guerre du Golfe, ex-Yougoslavie, Somalie, Cambodge…) au cours desquelles les cadres ont eu à utiliser des documents étrangers et à entretenir des contacts avec les populations locales et des militaires d’autres pays. Ainsi est apparue au grand jour la nécessité absolue de la connaissance des langues étrangères. Le resserrement de nos liens avec l’Otan et certaines armées européennes (Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne) ainsi que l’implication de plus en plus grande de la France dans les actions humanitaires au profit du Tiers Monde et dans les entreprises menées sous la bannière des Nations unies ont renforcé ce sentiment.
Le haut commandement, en particulier celui de l’armée de terre, a pris conscience de cette évolution en élaborant une politique des langues visant à rattraper le retard que nous avons pris jusque dans un passé récent dans ce domaine crucial. Pour faire face aux défis du prochain millénaire qui sera caractérisé par une internationalisation accrue des échanges, les mesures doivent cependant aller encore beaucoup plus loin. Il est en effet souhaitable, d’une part qu’elles touchent toutes les catégories d’unités et de cadres (officiers et sous-officiers), d’autre part qu’elles impliquent davantage les spécialistes d’activé et de réserve (notamment les Irat (1)). La totalité des personnels militaires doivent absolument intégrer cette nouvelle donne dans leur programme d’instruction en faisant surtout un effort sur l’enseignement de l’anglais. La maîtrise de la langue de Shakespeare revêt aujourd’hui un caractère obligatoire. Elle est non seulement utilisée dans tous les états-majors internationaux, mais elle sert également de vecteur de communication entre les différentes armées européennes (la quasi-totalité des officiers des pays de l’Europe du Nord et la majorité des officiers allemands sont anglophones) et dans la plupart des forces du Tiers Monde.
À côté de l’anglais dont la diffusion a acquis un caractère universel, la connaissance d’une deuxième langue étrangère par un nombre accru de cadres paraît aussi indispensable. Sur ce chapitre, la priorité doit être accordée à l’allemand en raison de la montée en puissance de l’eurocorps (même si beaucoup d’échanges doivent s’effectuer en anglais), l’arabe qui est parlé dans les zones de crises potentielles et l’espagnol qui sert de moyen d’expression dans la quasi-totalité de l’Amérique latine. Dans cette vaste question, les spécialistes de langues dites « rares » (2) ne sont pas oubliés. Leurs compétences seront toujours utilisées par les différents services du ministère de la Défense. Pour contrôler les aptitudes linguistiques, l’armée de terre incite aujourd’hui les officiers et les sous-officiers à préparer les certificats militaires de langues (CML).
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