1994 : le Livre blanc sur la Défense nationale
L’année 1994 devrait faire date pour tous ceux qui se préoccupent de défense nationale. Dans les prochains mois, en effet, sera publié le nouveau Livre blanc qui lui sera consacré. Il suffit de rappeler que le précédent est de 1972 pour mesurer combien il s’agit d’un événement rare et, par là même, significatif. Notre revue ne pouvait, par conséquent, y être indifférente. Comme nos lecteurs l’ont vu, nous avons ainsi présenté, le mois dernier, plusieurs textes concernant l’esprit dans lequel la rédaction d’un Livre blanc aujourd’hui, en France, pouvait être conçue, quels impératifs s’imposeraient à ses auteurs, dans quel contexte leurs travaux se situeraient. C’était une première étape : les autres vont suivre durant l’année qui vient.
Il s’agit en effet, pour nous, d’être fidèles à notre vocation. Elle est de rendre compte des données internationales nouvelles ou permanentes qui conditionnent toute défense nationale. Elle est de prendre en compte les novations scientifiques et techniques qui déterminent l’évolution des armements. Elle est d’ouvrir les débats stratégiques qui en résultent naturellement, ou de s’en faire l’écho. C’est à cette tâche que nous nous sommes attelés durant l’année dernière et nous la poursuivrons cette année. C’est dans cet esprit, en particulier, que nous avons organisé une journée d’études tout entière consacrée aux États-Unis et dont les travaux ont été publiés dans nos numéros de juin et juillet, tant il est vrai que l’existence d’une superpuissance unique dans le monde conditionne l’ensemble des rapports stratégiques internationaux. De la même façon, nous avons pris l’initiative de deux soirées d’études, l’une au mois de juin sur les relations entre innovations techniques et conceptions stratégiques, l’autre en décembre sur la Grande-Bretagne, pays dont l’évolution conditionne pour une grande part l’avenir de l’Europe. Ce que nous ferons durant cette année aura le même objectif : déterminer les nouvelles données internationales économiques, politiques et scientifiques qui conditionnent les choix à faire concernant la défense.
Notre première préoccupation, à cet égard, sera de contribuer au débat qui va s’ouvrir à l’occasion de la préparation, de l’adoption et de la publication du futur Livre blanc. Nous donnerons donc, à mesure, une suite au dossier publié le mois dernier et nous ouvrirons nos colonnes aux personnalités militaires, universitaires ou politiques qui voudront contribuer à ce débat, sans oublier ceux qui, par vocation ou par profession, ont à mettre en œuvre la politique de défense. C’est une tâche qui s’impose d’autant plus à nous que chacun comprend que les bouleversements intervenus ces dernières années obligent à faire le tri entre ce qui doit être maintenu, poursuivi ou développé quand il s’agit d’assurer une mission permanente correspondant à des intérêts permanents – comme la dissuasion nucléaire assure la défense des intérêts vitaux de la France – et ce qui doit être remis en cause, modifié ou inauguré. C’est dire que le champ ouvert à la réflexion sur l’effort militaire français est immense. Nous y consacrerons tous nos efforts durant l’année qui vient. ♦