L’auteur, plutôt spécialiste de l’Amérique latine, revient d’un voyage d’étude en Turquie. Il nous brosse un panorama des impressions que lui a laissées ce pays qui semble l’avoir conquis. Sa synthèse rejoint celle de Mme Sylvie Gangloff publiée en novembre 1992.
Échos de Turquie
Enlèvements de touristes, attentats contre des personnalités, menaces du gouvernement rappellent aux Occidentaux que la Turquie est située à un carrefour du monde instable et dangereux.
Ce pays, au passé prestigieux, tourne ses regards dans trois directions majeures : vers l’Occident où, amarré déjà à l’Otan, il veut entrer dans l’Europe ; vers l’Orient où il est sensibilisé par le séparatisme kurde et par l’évolution des républiques musulmanes de l’Asie centrale et du Caucase ; vers l’islam dont le développement n’est pas sans inquiéter ses élites. Voilà les traits principaux de ces réalités et nouveautés turques d’ordre géopolitique.
Attirance vers l’Occident
L’Otan et la guerre du Golfe
Aux experts militaires de l’Alliance atlantique, la Turquie apparut, dès le début de l’affrontement Est-Ouest, comme un réservoir de qualités potentielles. Barrer les Détroits et isoler la mer Noire de la Méditerranée, intervenir dans le bas-ventre soviétique, protéger le Proche-Orient et ses richesses en pétrole, disposer d’une force interarmées de grande renommée, telles furent les possibilités stratégiques retenues pour la Turquie. Aussi fut-elle admise dans le pacte de l’Atlantique Nord comme 14e membre, dès septembre 1951. Un maillage de bases américaines y fut installé, complété par un jeu de centres de transmission et de surveillance placés sous le contrôle de l’état-major turc. Grâce aux apports en matériels militaires des États-Unis, la Turquie devint le gardien du bastion Sud de l’Alliance atlantique. On déclarait alors dans les couloirs de l’Organisation : « Voilà un pays heureux ; il a des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, des guerriers pour frapper (580 000 personnes) et des forteresses à défendre ». Avec le bouleversement de l’Europe orientale, la Turquie n’est plus un « pays de flanc », selon la terminologie de l’Otan, mais un « pays de front » comme l’était la région Centre-Europe jusqu’à ces dernières années.
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