Ce traité, conclu pour une période de vingt-cinq ans, arrivera à échéance en 1995, il s’agira alors de mener des négociations afin de définir les modalités de son renouvellement. L’auteur, ancien président de notre Comité et directeur de la revue, analyse la non-prolifération, le traité, les préoccupations des différents États nucléaires et non nucléaires, enfin les perspectives d’avenir en particulier pour notre pays.
Quel avenir pour le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ?
Nos lecteurs ont certainement compris que si nous nous sommes posé la question, c’est que ce Traité de Non Prolifération (TNP) des armes nucléaires, plus connu sous son sigle américain NPT (Nonproliferation Treaty), entré en vigueur en 1970 et conclu alors pour une durée de vingt-cinq ans, va ainsi arriver à échéance en 1995. Or, on peut penser que les négociations qui auront lieu au sujet de sa prolongation risquent fort de soulever la plupart des problèmes techniques, stratégiques et politiques que posent l’avenir des armes nucléaires et par suite celui de la dissuasion ; d’autant plus que seront débattues à la même époque d’autres propositions récentes visant à la non-prolifération, telles que l’arrêt de la production des matières fissiles à usage d’explosif et l’arrêt total des essais nucléaires, sans parler de l’entrée en vigueur, qu’il est permis d’espérer dans les mêmes délais, des accords de désarmement nucléaire entre les deux Grands et de celui sur le désarmement chimique conclu au niveau international.
Enfin, 1995 sera aussi l’année des élections présidentielles aux États-Unis et en France, c’est-à-dire dans les deux pays dont les prises de position seront sans doute déterminantes dans ces négociations. Or, de leurs résultats dépendra par ailleurs la « posture » nucléaire de notre pays, et c’est pourquoi l’essai qui suit aurait pu également être intitulé : « Quel avenir pour la dissuasion française après 1995 ? »
Passé de la non-prolifération
Avant d’anticiper cet avenir, il nous paraît utile de rappeler le passé de la non-prolifération nucléaire, car il comporte des enseignements. Les précautions prises à cet égard furent antérieures à l’expérimentation de la première bombe atomique, puisque l’accord conclu en août 1943 à Québec entre les États-Unis et la Grande-Bretagne pour régler leur coopération dans sa mise au point, interdisait déjà la communication à une tierce puissance de toute information. Immédiatement après le bombardement d’Hiroshima, le président Truman se préoccupa de renforcer ces précautions, et en 1946 le Congrès vota à cet effet la loi dite « Mac-Mahon », qui ne sera assouplie plus tard que pour la seule Grande-Bretagne. À la même époque, les États-Unis soumettront à l’Onu un plan, dit « plan Baruch », qui prévoyait la remise de toutes les matières fissiles à une autorité internationale, à laquelle serait attribué aussi le contrôle des activités atomiques potentiellement dangereuses. Ce plan se heurta au refus par l’Union Soviétique de contrôles sur son territoire, mais il fut repris par le président Eisenhower en 1953 avec des ambitions plus modestes, dans un plan dénommé « Atomes pour la paix », qui aboutira en octobre 1956 à la création, sous l’égide de l’Onu, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), laquelle sera installée à Vienne ce qui lui vaut d’être souvent appelée « Agence de Vienne ».
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