Eurosatory 94, première exposition internationale de matériels terrestres en Europe, se tient à Paris-Le Bourget du 20 au 25 juin. À cette occasion, nous avons souhaité publier un dossier sur l’armée de terre et ses armements.
L'Armée de terre à la croisée des chemins
L’évolution du contexte national et mondial constitue une rupture profonde avec le passé et l’adaptation de l’armée de terre, déjà largement amorcée, s’inscrit désormais dans une nouvelle dynamique, à la lumière des orientations du Livre blanc sur la Défense précisées dans le projet de loi de programmation 1995-2000. En dépit des incertitudes d’un monde instable qui incitent à la prudence, il est possible de distinguer, parmi les changements en cours, les tendances lourdes susceptibles d’orienter au sein de la défense, les nécessaires évolutions de l’armée de terre. Celle-ci peut ainsi, au-delà de son « projet 1997 » par lequel elle avait jusque-là anticipé ces évolutions et dans le respect des contraintes qui limitent son rythme d’adaptation et sa liberté de manœuvre, se préparer résolument à répondre aux défis du XXIe siècle.
Le changement et les discontinuités : un contexte difficile
Encore plus que les adaptations successives que l’armée de terre a dû opérer avant 1989 au cours de quatre réorganisations principales (1) après le retour d’Afrique du Nord, les modifications du contexte international et les nouvelles perspectives stratégiques conduisent à des ruptures multiples que l’appareil de défense français tout entier a dû prendre en compte. Le récent Livre blanc sur la Défense en définit les conséquences et dessine en particulier le cadre global des transformations à venir pour l’armée de terre. Les grandes lignes de fracture concernent les facteurs stratégiques, technologiques, conceptuels, et sociologiques.
L’emploi des forces terrestres s’inscrivait jusqu’alors en priorité dans une optique de dissuasion pour valoriser les armes nucléaires. Il recouvre aujourd’hui, principalement et en première urgence, les actions permettant de résoudre des crises, dans un contexte le plus souvent interarmées et interallié, sans pour autant abandonner, le moment venu, le rôle visant à interdire le contournement de la dissuasion nucléaire. Ainsi, l’armée de terre représente environ 70 % des forces françaises ayant dû intervenir hors des frontières, du Tchad à l’ex-Yougoslavie en passant par l’Irak, le Cambodge, le Liban, le Rwanda, la Somalie et bien d’autres territoires africains.
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