C’est en effet en 1945 que l’Organisation des Nations unies a été créée dans le but, après le cataclysme qu’avait été la Seconde Guerre mondiale, d’assurer la paix dans le monde en permettant la résolution par la diplomatie de tous les différends qui pourraient naître. L'auteur, professeur à la faculté de droit de Besançon, n’a pas voulu manquer cette occasion de nous présenter un bilan des cinquante années de l’Organisation : on verra combien ses résultats sont mitigés, et pourtant elle reste indispensable.
Bientôt les cinquante ans de l'ONU : un bilan contrasté
De Yalta en 1945 à la tragédie du Rwanda, l’Organisation mondiale des Nations dites unies, c’est-à-dire l’Onu, célébrera solennellement l’année prochaine le 50e anniversaire de sa fondation. Cinquante ans après la signature de la Charte de San Francisco le 26 juin 1945, quels sont le bilan et l’avenir de la fille de la défunte Société des Nations créée à Genève vingt-six ans plut tôt ?
Avant de procéder à un peu de prospective — la littérature onusienne ne fera pas défaut et les colloques non plus sur l’avenir de l’Onu à l’aube du XXIe siècle —, commençons par une rétrospective sur les origines de l’Organisation, aujourd’hui trop oubliées. Il est de bon ton chez les beaux esprits et dans les médias de dénoncer l’impuissance, les carences et les défaites des Nations unies ou du « machin » : échecs en Bosnie, en Somalie, en Angola, au Mozambique, au Liberia et enfin au Rwanda… Cette vue sommaire et superficielle des choses ne doit pas faire oublier que l’Onu n’est que le produit de la volonté des États souverains qui la composent et qu’elle a eu au moins deux mérites fondamentaux : d’une part, elle a duré, dure et durera car elle est irremplaçable et personne ne propose de la supprimer tant son rôle « régulateur » est important dans la société internationale ; d’autre part, chose sans précédent, elle est devenue véritablement œcuménique ; en effet, son universalité se traduit par deux chiffres : en 1945, l’Organisation à vocation mondiale ne comptait que 51 États ; en 1994, elle en comprend 184. Beau succès quantitatif, mais on sait depuis Lénine qu’une différence de quantité peut provoquer une différence de qualité…
Ces remarques liminaires faites pour rappeler à la modestie et à la modération les détracteurs des Nations unies, revenons aux sources. L’Onu en 1945, comme la SDN en 1919, avait pour objectif essentiel, à la sortie d’un conflit mondial, de jeter les bases d’un système politique et juridique de « sécurité collective » sur lequel serait fondé un « nouvel ordre international », en tirant les enseignements de l’échec de la SDN. La sécurité collective peut se définir par deux formules simples : un système fondé sur la paix par le droit et un mécanisme assurant la sécurité de tous par tous pour tous, en clair un dispositif établissant une solidarité de tous les États à l’égard de l’agressé pour mettre en échec l’agresseur et l’agression.
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