Algérie : Accord de Rome et élection présidentielle
Après l’échec d’un semblant de dialogue avec les chefs historiques du FIS et les partis légaux à l’automne 1994, le président Zéroual a cherché une issue à la crise en s’engageant à organiser une véritable élection présidentielle avant la fin de l’année suivante. De leur côté, les partis de l’opposition ont adopté dans les premiers jours de 1995 la plate-forme de Rome qui propose la réintégration du mouvement islamiste avec un véritable dialogue politique, et un ensemble de mesures pour rétablir la paix civile et des institutions légitimes.
Colloques d’Algériens à Rome
Des responsables de partis et d’associations sont invités les 21 et 22 novembre 1994 à Rome par la communauté catholique Sant’Egidio pour discuter d’une possible solution à la crise algérienne (1). Cette rencontre est décidée à la hâte par l’opposition algérienne et les responsables de la communauté après l’annonce de Liamine Zéroual d’une élection présidentielle. Il s’agit, dans l’esprit des organisateurs, non de lancer un processus de médiation, mais d’établir une méthode de dialogue qui puisse permettre l’ouverture le plus rapidement possible d’une négociation. Le gouvernement algérien décline l’invitation, par le biais d’un commentaire de l’agence de presse APS, en indiquant que les problèmes algériens, quelle que soit leur nature, ne peuvent être traités qu’en Algérie. Il précise que toutes les conditions existent dans le pays pour que les différents acteurs politiques puissent en toute liberté se réunir et se concerter sur les voies et moyens permettant de sortir le pays de la crise qu’il traverse.
Les partis politiques légaux ne répondent pas tous favorablement à cette invitation. Le Mouvement Ettahaddi (ex-parti communiste) refuse de participer à la réunion, au motif que les dirigeants intégristes sont mis sur le même pied que des personnalités religieuses. De même, le RCD de Saïd Sadi rejette le principe même du dialogue avec les islamistes. Les secrétaires généraux du FLN et du FFS, Abdelhamid Mehri et Hocine Aït Ahmed sont présents. L’ancien chef de l’État Ahmed Ben Bella participe à la rencontre comme président du MDA. D’autres petits partis sont présents — représentant notamment une sensibilité religieuse — comme le Mouvement de la société islamiste (MSI-Hamas) de Mahfoud Nahnah, et le Parti du renouveau algérien (PRA) de Noureddine Boukrouh. Le Parti des travailleurs (PT) — d’extrême gauche — participe à cette réunion avec Louiza Hanoune, seule femme de cette rencontre. Les délégués du FIS sont Rabah Kébir, le président de l’organe exécutif à l’étranger (2), et Anouar Haddam, le chef de la délégation parlementaire à l’étranger. La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADH) est représentée par Abdenour Ali Yahia.
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