En raison de leurs caractéristiques (liberté de survol, couverture planétaire, permanence, moindre vulnérabilité), les systèmes spatiaux apparaissent comme des moyens privilégiés de défense, directement associés à l’exercice de la souveraineté des États.

Dès le début de l’ère spatiale, la capacité d’observer impunément n’importe quel point du globe avec une précision sans cesse accrue a permis aux États-Unis et à l’URSS de donner un sens à leurs menaces nucléaires réciproques, en localisant et désignant les cibles chez l’adversaire. Établir des systèmes de liaisons opérationnelles constamment disponibles et sécurisées entre un commandement central et des forces lointaines était tout aussi important pour les pays dont l’influence et la présence s’étendaient bien au-delà de leurs frontières métropolitaines.

La reconnaissance par la France de la dimension stratégique de l’espace a conduit l’Europe à se doter d’un système indispensable à son autonomie en la matière : le lanceur Ariane en demeure le préalable essentiel. À partir du milieu des années 1980, les satellites Télécom, avec leur charge utile militaire Syracuse, et Spot, avec ses images permettant une résolution de 10 mètres, ont apporté à la France ses premiers éléments de souveraineté dans les télécommunications et l’observation.