Le processus de paix au Proche-Orient paraît bloqué : les mois passent et des événements graves ont toujours lieu, effaçant tout signe de bonne volonté chez les Israéliens comme chez les Palestiniens. Cette situation ne semble pas passionner un président américain par ailleurs accusé de partialité par le chef de l’Autorité palestinienne. L'auteur nous décrit l’attitude de la Maison-Blanche dans ce conflit qui n’en finit pas.
Bill Clinton et le conflit au Proche-Orient
Coparrain du processus de paix au Proche-Orient enclenché à Madrid en 1991, les États-Unis sont devenus de facto le « parrain essentiel » compte tenu du rôle plutôt marginal joué désormais par la Russie dans cette région. Ainsi, une grande responsabilité est revenue à l’Administration Clinton pour mener le processus à son terme. C’est dans ce contexte qu’il nous semble intéressant de focaliser la lumière sur la diplomatie américaine au Proche-Orient au cours de « l’ère » Clinton, notamment au vu de la crise profonde que traversent les relations israélo-arabes en général et en particulier celles entre l’État hébreu et l’Autorité autonome palestinienne depuis l’élection de M. Benjamin Netanyahou au poste de Premier ministre en Israël.
Des atouts considérables et un rôle sans envergure
Lors de son accession à la Maison-Blanche, en janvier 1993, Bill Clinton jouissait d’un avantage précieux et sans précédent pour un président américain. Le processus de paix, longuement attendu et ardemment mis sur pied, était bien engagé sur tous les fronts. En inaugurant son premier mandat, le président Clinton se trouvait en présence de relations israélo-arabes totalement différentes de celles qu’avaient connues ses prédécesseurs. L’Administration Bush n’avait-elle pas réussi à convoquer l’« impossible » conférence de paix au Proche-Orient, dont on n’avait cessé de réclamer la réunion depuis la clôture de la conférence de Genève en décembre 1973 ? Autour de la table de discussion, à Madrid, le 30 octobre 1991, toutes les parties en conflit étaient présentes sans exception. La défaite du Likoud lors des élections législatives de juin 1992 était porteuse d’espoir quant aux possibilités de règlement du conflit. Les dirigeants travaillistes se montraient plus désireux d’aboutir à un règlement rapide et plus conciliant envers la centrale palestinienne. De l’autre côté, la modération arabe était acquise pour « faire la paix des braves ».
En outre, le Proche-Orient n’était plus le champ de la rivalité Est-Ouest qui avait jalonné l’histoire de la région jusqu’à la fin des années 80. Qui plus est, Moscou, deuxième coparrain du processus enclenché à Madrid en 1991, adoptait un profil bas, laissant ainsi le champ libre à la diplomatie américaine et privant les « progressistes » arabes d’un puissant allié. Grâce à la fermeté de l’équipe Bush-Baker envers l’État hébreu, les États-Unis étaient élevés au statut de « médiateur non partisan », une qualité à la fois rare et indispensable pour faciliter l’avènement de la paix entre Arabes et Israéliens. On se souvient du langage ferme tenu par M. Baker au sujet des colonies de peuplement israéliennes dans les territoires occupés. Face à l’entêtement de M. Shamir, le président Bush n’avait pas hésité, en septembre 1991, à taper du poing sur la table. Ne pouvant pas obtenir l’assurance du chef du gouvernement israélien que les 10 milliards de dollars d’emprunt réclamés par Israël pour accueillir les juifs soviétiques et qui nécessitaient la garantie de l’Administration américaine, ne seraient pas utilisés pour la colonisation des territoires occupés, le président Bush décidait, le 6 septembre, de demander au Congrès de retarder de quatre mois l’examen de la requête israélienne. Le 24 février 1992, M. Baker conditionnait l’octroi des garanties américaines à l’arrêt des implantations dans les territoires occupés. Toutefois, il faisait savoir qu’« Israël pourrait terminer les travaux de colonisation en cours, mais le coût serait déduit des garanties de crédit accordées par Washington pour l’intégration des juifs venus de l’ex-URSS ». En réalité, cette position reflétait un soutien à la candidature de M. Yitzhak Rabin, le leader travailliste, pour les élections législatives prévues le 23 juin 1992.
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