Politique et diplomatie - L'« État voyou », un concept instrument
Dans le sillage de la fin de la guerre froide, le vocabulaire des relations internationales s’enrichit d’un nouveau terme, celui, en anglo-américain, de rogue state, qui peut être traduit en français par « État voyou », ou peut-être par « État délinquant ». Durant l’automne 1997, l’Irak de Saddam Hussein incarne ce type d’État : violent et ambitieux, prompt à en découdre (avec l’Iran en 1980-1988, puis avec l’Occident lors de l’affaire du Koweït en 1990-1991), dénonçant le droit international comme l’instrument des plus forts et d’abord de l’impérialisme américain, enfin utilisant tous les stratagèmes possibles pour secouer la tutelle qui l’enchaîne depuis sa défaite de 1991.
Cette notion d’État voyou n’apparaît pas par hasard, elle est bien le produit de l’état actuel du système international. En même temps, elle en souligne toute l’ambiguïté : il est à la fois jungle et société. En outre, qu’est-ce qui fait qu’un État soit un voyou ? Tous les États ou seulement certains d’entre eux peuvent-ils l’être ? Par exemple, les États-Unis ou la Chine peuvent-ils l’être ? Une fois l’État voyou à peu près cerné, comment le dompter ? Par la punition, l’isolement ? Ou par le dialogue, la persuasion ?
Pourquoi cette notion d’État voyou ?
Cette apparition de la notion d’État voyou peut être expliquée de deux manières presque opposées, et pourtant ayant l’une et l’autre leur part de vérité.
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