La France et la gestion du conflit de Bosnie-Herzégovine : le sujet est difficile. Il appartient encore à l’histoire immédiate. Il doit être traité en le replaçant dans son contexte, c’est-à-dire celui d’une politique onusienne de la France en pleine évolution, mais aussi celui d’une nouvelle guerre balkanique qui implique, comme depuis toujours pourrait-on dire, acteurs locaux et intervenants extérieurs.

Au début des années 1990, dans cette période mouvementée de la fin de la guerre froide, la politique de la France à l’égard des opérations de maintien de la paix de l’Onu connaît des évolutions fondamentales. Alors que celle-ci est dans une phase de renouveau, la France participe à un nombre croissant d’opérations, lesquelles doivent lui assurer son rang sur la scène internationale, ainsi que sa place au sein du club très fermé des membres permanents du Conseil de sécurité. C’est d’abord dans cette situation qu’il faut analyser l’action de la France en Croatie d’abord, en Bosnie-Herzégovine ensuite.

Sur le fond du problème, c’est-à-dire sur les causes de la guerre en ex-Yougoslavie, l’histoire retiendra que, pour la première fois dans ce théâtre, il ne s’agit pas d’un conflit importé par des puissances extérieures, mais d’une guerre aux origines strictement locales. Pour une grande partie des historiens, diplomates et politiques, cette guerre résulterait du réveil d’antagonismes ancestraux entre des peuples inconciliables, après l’anesthésie d’un demi-siècle de titisme. On a pu trouver là une illustration de la thèse du choc des civilisations de Samuel Huntington : islam contre chrétienté et, au sein de celle-ci, orthodoxie contre catholicisme.