Libéralisme et humanisme
Au cours du troisième millénaire, la mission de l’Europe doit être de proposer au monde un type de civilisation privilégiant le culte de l’humanisme sur celui du libéralisme matérialiste. Deux types de civilisation se sont opposés au cours du siècle qui achève le deuxième millénaire de l’histoire de l’humanité : le collectivisme communiste et le libéralisme économique.
Le premier a abouti à un dramatique échec. Il a coûté la vie à plus de cent millions d’êtres humains, causé d’innombrables malheurs et d’atroces souffrances. Asservissant l’homme à la collectivité, il a réduit sa nature à l’état de matière organique, méconnaissant la noblesse de l’unicité de chaque individu et la grandeur quasi divine de la pensée qui l’anime. Au-delà des monstrueuses nuisances matérielles dont il s’accompagna partout, le communisme se révéla comme une négation absolue de l’humanisme, comme un facteur de dégénérescence de la nature humaine. Il est incompréhensible qu’abusés par sa prétention philosophique d’être au service de l’équité et voué au bien-être de l’humanité, ignorant l’immensité de ses crimes, des hommes lucides puissent encore actuellement s’en déclarer les adeptes, car malgré l’effondrement de La Mecque soviétique du communisme et la chute fracassante du mur de Berlin, la bête immonde vit toujours. Elle survit grâce à la rémanence de l’énorme infrastructure politico-policière qu’elle avait disséminée à travers le monde. Elle survit au moyen de la masse considérable de capitaux émigrés au sein des pays industrialisés à l’occasion d’opérations mafieuses de libéralisation de l’économie russe. Elle survit dans l’esprit de nombre d’idéologues acquis à la philosophie marxiste qui entendent demeurer les missionnaires de son esclavagisme, tout en jouissant du confort du libéralisme. Elle survit travestie en une trompeuse démocratie sociale qui cache une fidélité intacte à un collectivisme pur et dur. Elle survit ainsi en certains pays dans le maintien d’une écrasante structure étatique et dans la conduite d’une politique outrancière de redistribution de la richesse commune par une pression fiscale écrasante. Elle survit enfin dans l’acharnement à agresser la société dite bourgeoise par un ostracisme sectaire à l’encontre des valeurs humaines traditionnelles. L’hydre communiste a été terrassée par l’atrocité même des crimes dont elle s’est rendue coupable, mais toutes ses têtes n’ont pas été tranchées, et si l’on n’y prend garde, elle peut se redresser et, tout arbre produisant toujours les mêmes fruits, faire subir aux collectivités humaines tombées entre ses griffes les méfaits inhérents à sa nature.
Le second modèle préconise de libérer les capacités d’initiative individuelle afin de permettre à l’esprit humain de tirer le meilleur parti des immenses possibilités scientifiques et techniques qu’il vient d’acquérir. À l’évidence, cette conception de la vie en société a apporté à ses pratiquants un confort existentiel considérable. La recherche de profit constitue le fondement des motivations privées et collectives de ce type de société. La richesse financière et la puissance économique qui en résultent constituent non seulement des facteurs de bien-être individuel, mais de sécurité et de suprématie collective. Sur le plan matériel, ce modèle de civilisation constitue incontestablement un succès et représente un progrès considérable dans l’évolution de l’humanité. Il convient toutefois de remarquer que les facilités de vie offertes aux individus de ces sociétés de consommation sécrètent des toxines qui dégradent la tonicité du corps social en ce qu’elles incitent à l’abandon des vertus exigeantes qui en font la force en même temps qu’elles en délitent la cohésion collective par les tendances individualistes dont s’accompagne la quête forcenée de bien-être. Les nations européennes, au même titre que celles qui relèvent de ce qu’il est convenu de nommer l’Occident, ont abondé dans ce type de civilisation de libéralisme incontrôlé. Il est incontestable que les États-Unis d’Amérique occupent une place prééminente au sein de ce type de société en raison de l’importance des succès économiques et financiers dont ils se sont montrés capables.
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