À la recherche de l'esprit de défense
« Pourrait-on comprendre la Grèce sans Salamine, Rome sans les légions, la chrétienté sans l'épée, l'islam sans le cimeterre, la Révolution sans Valmy, le Pacte des nations sans la victoire de la France ? » (Charles de Gaulle, Le Fil de l'épée, préface)
Si l’on sait d’instinct ce qu’est la défense contre un ennemi, l’esprit de défense est une de ces notions singulières qu’il est difficile de saisir. Comme il faut bien s’entendre sur les mots, convenons que celui-ci peut être caractérisé comme la volonté d’une collectivité organisée de préserver, au besoin par l’usage de la force, son existence, sa souveraineté et ses valeurs, au sacrifice de la vie de ses membres.
Cette définition sommaire appelle plusieurs remarques. L’esprit de défense suppose tout d’abord la conviction d’appartenir à une collectivité, ensuite l’adhésion de la population aux valeurs et intérêts dont la défense est jugée prioritaire par l’État. Il est dès lors historiquement lié à deux concepts essentiels : la nation et l’État ; ces deux notions sont elles-mêmes datées, la première n’étant en effet pas une donnée mais un acquis, et le second une construction relativement récente. Où trouver l’esprit de défense ? Une appréciation historique permet d’en saisir les permanences, d’en expliquer les mutations et d’en tirer quelques conclusions.
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