Nuages sur l'Amérique latine
L’Amérique latine est une région incapable de s’unir. Aussi nous paraît-il plus sage, pour mieux la comprendre, non pas de conduire une étude exhaustive de tous les problèmes rencontrés, mais d’analyser dans le désordre certaines failles. Des crises de régime, des économies atrophiées, des personnalités qui ont fait parler d’elles, des questions de défense : voilà sans doute des cas intéressants à examiner en dehors des chemins battus. Vu l’étendue des deux masses océaniques qui l’enserrent, elle est apte, cependant, à multiplier le nombre de pays qui lui apportent la vie.
Des crises de régime
La crise de Colombie ne trouve pas le moyen d’en finir après ses quarante années de violence. Dans cette ambiance survoltée, de guerre subversive, où l’on tue sans raison pour n’importe qui et pour n’importe quoi, le président Pastrana a une rude tâche à accomplir. Nouvel élu, il est opposé aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) d’obédience communiste (14 000) et à l’Armée de libération nationale (ELN) d’inspiration guévariste (5 000). Aux forces régulières, il convient d’ajouter les 5 000 paramilitaires d’extrême droite dont les actes de violence sont bien connus en opération. Engagée dans la lutte, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) prend part au combat des idées avec ses personnalités propres : avocats, écrivains, professeurs… La violence est partagée suivant un schéma manichéen : la droite et la gauche.
La coopération avec les États-Unis est un des points majeurs du président Pastrana, qui place pour l’instant sa priorité dans la lutte contre le trafic de drogue. D’autres hommes politiques ont un raisonnement différent. Ils sont partisans d’éradiquer la guérilla avant le narcotrafic. N’oublions pas de préciser que 1,5 million de Colombiens ont été obligés, sur une population de 40 millions, de quitter leurs villages entre 1996 et 1998. Ce serait, plutôt, un exil de l’intelligentsia qui caractériserait ce mouvement de population. Le président joue avec les mots ; il parle d’un plan Marshall à instaurer pour ramener la paix en Colombie. L’image est sans doute exagérée, mais elle a bien été donnée. Le chef de l’État a juré de conduire une politique dynamique sans répit. Après tout, des trêves ont bien été conclues avec certaines guérillas. Souvenons-nous, aussi, que des alliances tactiques ont toujours été édifiées entre trafiquants de drogue et guérilleros.
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