La renaissance (1945-1959)
La Revue des questions de Défense nationale reparaît après une absence de cinq années. Elle renaît au souffle de la Victoire et dans la Liberté reconquise comme tout ce qui, en France, avait un caractère proprement national (2).
L’éditorial du premier numéro après la césure de cinq ans est l’œuvre d’Alphonse Juin, à l’époque général d’armée. Président du comité consultatif, il rétablit la ligne éditoriale de la revue au regard des leçons de la guerre.
« Ce sera la tâche de la nouvelle Revue des Questions de Défense nationale de se pencher sur cette expérience tumultueuse de la folie destructrice des humains et d’en dégager des leçons profitables. Ce sera sa tâche également de remuer des idées qui puissent servir aux constructions de l’avenir ».
Comme en 1939, le comité de direction entend donner la parole à toutes les compétences et s’ouvrir à la pluralité. L’idée de la grandeur de la France est aussi une des priorités affichées. À l’époque de la bipolarisation du monde, redonner sa place à la France est le souci de chacun des protagonistes de la reconstruction. Le premier poste de rédacteur en chef est créé en juillet 1945, et en septembre de la même année, la revue change de nom, elle s’appelle désormais : Revue de Défense Nationale.
Les numéros à partir de 1945 contiennent trois parties : tout d’abord, une série de cinq ou six articles sur des thématiques militaires. Des sujets d’actualité et historiques y sont traités par de grands noms de la stratégie française : Jean de Lattre de Tassigny, Pierre-Marie Gallois, etc.
Expression de l’ouverture de la revue vers de nouvelles compétences, la rédaction crée régulièrement des rubriques économiques, historiques, scientifiques, concernant, non pas des domaines militaires, mais bien de défense globale. Elle tient à faire une distinction entre le militaire et les autres études de défense jusqu’en 1954, date où ces rubriques disparaissent, et où tous les articles sont confondus dans le sommaire.
Enfin, on retrouve, comme en 1939, une partie consacrée à des chroniques, aux thèmes variés et récurrents : militaire, aéronautique, maritime, coloniale, diplomatique, et économique. Il est intéressant de noter qu’en avril 1946, la chronique « Coloniale » est remplacée par la chronique « Outre-mer », puis en 1953 « Union française ». À partir des années 50, ces chroniques sont plus diversifiées. Avec la création de l’Otan, la revue voit naître une rubrique intitulée « SHAPE et NATO ». Les adaptations de la revue se font en concordance avec l’évolution de la société et des enjeux mondiaux.
En 1959, la ligne éditoriale est étayée et cet élargissement est inscrit sur une couverture renouvelée. Plus dynamique, elle reprend les couleurs de la France. Le sous-titre précise : « les grands problèmes nationaux et internationaux – militaire, économiques, politiques, scientifiques ». On tourne ainsi la page de 1939 et celle de 1945, les enjeux ne sont plus les mêmes. Les antagonismes sont maintenant bipolarisés, le sort du monde se joue entre les deux grands. On ne parle plus d’ennemi, on parle de blocs. Cette transformation a lieu avec l’arrivée du général Bodet à la tête du Comité d’études de défense nationale, directeur de publication. ♦
(2) Alphonse Juin, Revue des questions de Défense nationale, juillet 1945.