Des conflits et des crises (octobre 1971)
L’ère des grands conflits mondiaux est-elle terminée ? Il est possible désormais de se poser la question — et de répondre par l’affirmative — sans faire figure d’hurluberlu. À l’appui de cette hypothèse, les arguments rationnels suivants peuvent être avancés.
1° Les grandes guerres multinationales, mettant en jeu des masses humaines, s’étendant à des continents et aboutissant à des hécatombes, coïncidaient avec un niveau de développement sociopolitique, économique et technique qui peut être aujourd’hui dépassé. Compte tenu de ce niveau, il était rationnel d’investir dans la guerre d’énormes quantités de biens, de bras, d’immenses ressources intellectuelles, dans l’espoir d’en retirer des résultats positifs.
Aujourd’hui les progrès scientifiques et techniques rendent peut-être un tel calcul définitivement illusoire ; et qui plus est, illusoire de toute évidence. Les progrès techniques, qui sont irréversibles, font des armes modernes des moyens imparables de destruction totale et immédiate des biens comme des forces de l’adversaire. Ces développements ont fait entrer les relations internationales dans une ère nouvelle, et ce qui est acquis en matière de capacité de destruction est acquis, pour le meilleur ou pour le pire. Les raffinements qu’apportera l’avenir ne peuvent qu’aller dans le même sens.
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