Un nouvel environnement international (janvier 1991)
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après Hiroshima et Nagasaki, le monde, disait-on, était condamné, par l’apparition du feu nucléaire à subir l’apocalypse ou à organiser la paix : mais l’apocalypse n’est pas venue, la paix non plus. Il n’y eut pas de guerre nucléaire, c’est-à-dire de conflit où les armes nucléaires, venant en renfort des armes classiques, auraient contribué à la défaite des uns et à la victoire des autres ; il n’y eut pas davantage de guerre mondiale où, à coups de bombes atomiques, nous aurions vécu un holocauste de dimension plus vaste encore que celui de 1939-1945 ; mais d’interminables conflits, allant des guérillas les plus frustes à des guerres de plus grande envergure, se sont succédé sur tous les continents. Cela suffit à nous inciter à la prudence et à la modestie dans la réflexion que l’on peut mener sur l’avenir des relations internationales et de leurs dimensions stratégiques.
Encore faut-il ne pas fermer les yeux sur les évolutions qui peuvent les affecter ou les changements qui peuvent tout à coup en modifier le cours. On l’a vu à l’occasion des événements de l’Est de l’Europe et d’Union Soviétique : c’est avec beaucoup de retard et après de trop longs délais que le plus grand nombre d’observateurs, surtout en France, en ont pris la mesure, certains s’attardant même jusqu’au début de l’année dernière à n’y voir que faux-semblant, tactique, dissimulation ou simple changement d’équipe. Il est vrai qu’il s’agissait de transformations si formidables que la réflexion stratégique était littéralement mise au défi, tout comme l’analyse historique et politique. Mais, les événements se sont bousculés au point d’imposer désormais les révisions les plus radicales, en même temps que la crise du Golfe rappelait qu’il y avait à notre époque bien d’autres sources de conflit que l’ancienne compétition entre l’Est et l’Ouest et que la fin de la guerre froide ne signifiait pas que les hommes avaient renoncé au recours à la force.
L’année 1990 aura donc été à la fois celle de toutes les remises en cause et du rappel aux réalités permanentes de l’affrontement des intérêts et des puissances : il faut ici en dégager les leçons principales.
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