Les missions de police internationale se multiplient. Le monde est-il en train de sortir de l'âge de la guerre ? La guerre implique une jungle, dans laquelle les États se trouvent en lutte permanente les uns contre les autres, le but de chacun étant la victoire, avec la conscience de sa précarité. La police requiert une forme de société, avec un contrat fondateur. Le policier garantit le respect des règles du jeu. L'objectif n'est plus la victoire mais la paix et la réconciliation. Pourquoi une telle évolution ? À l'échelle internationale, des sociétés, des communautés se constituent, les États participants partageant des intérêts essentiels et d'abord l'attachement prioritaire à une gestion transparente et pacifique des échanges de toutes sortes. Dans ces conditions, la conquête territoriale semble appartenir au passé. Désormais la richesse et la puissance ne viendraient plus du pillage mais du commerce et de la création.
Cette notion de police ne va pas sans illusions. La police n'est possible que si des conditions politiques précises sont satisfaites, la première étant un pacte, implicite ou explicite, entre les acteurs (en premier lieu, les États) impliqués. Des régions entières (Moyen-Orient, Afrique...) sont en quête de mécanismes de police, mais ceux-ci ne sauraient se matérialiser. Ils demandent un accord sur les frontières, sur la configuration étatique, une acceptation intime et réciproque des peuples, en bref un début de société. La guerre demeure une composante essentielle des relations entre États souverains ; aussi longtemps que l'État est fondé sur un territoire et qu'il garde le contrôle de la force légitime, la guerre restera possible.