Politique et diplomatie - L'heure de l'Asie ?
Les données géographiques et les données statistiques ne sont pas tout ce qu’il faut savoir pour comprendre la politique internationale. Mais il est important, si l’on veut jauger les événements à l’échelle convenable, de se reporter aux cartes et aux chiffres. Il suffit d’un coup d’œil sur une carte démographique pour apercevoir les régions du globe où se concentre la population humaine : l’Europe, la côte ouest des États-Unis et l’Asie orientale. Cette localisation des zones de forte densité démographique s’explique avant tout par des raisons climatiques. L’Europe doit sa forte densité de population à son climat tempéré et aussi à sa configuration géographique qui y a facilité les communications : découpement des côtes et multiplicité des voies d’eau. En Asie orientale, les grandes concentrations humaines se situent dans « l’Asie des moussons » : sur le territoire de l’Inde et sur la façade maritime de la Chine, ainsi qu’au Japon et à Java.
La représentation cartographique de la population donne à penser : la localisation dans le monde des concentrations humaines est « périphérique ». L’intérieur des continents, pour des raisons à la fois climatiques et économiques, notamment des difficultés de communication, s’est trouvé moins peuplé que les « franges ». Il n’est cependant pas exclu que cette situation soit en passe de se modifier, au moins dans une certaine mesure. Des raisons stratégiques, le développement des communications aériennes et ferroviaires, la mise en exploitation de nouvelles ressources minières et la création de nouvelles industries, entraînent l’apparition de nouvelles concentrations humaines à l’intérieur des continents. Néanmoins, ces développements ne sont vraisemblablement pas de nature à modifier l’aspect général de la carte démographique du monde.
Il ressort encore de cette carte que l’Inde et la Chine sont parmi les régions les plus peuplées du globe. Or, l’Inde et la Chine ne sont plus seulement des réalités géographiques. Le fait qui restera sans doute le plus saillant dans l’histoire de l’après-guerre est l’apparition de l’Inde et de la Chine comme des réalités politiques. L’Inde depuis l’été 1947, la Chine depuis la fin de 1948, sont devenus des États réellement unifiés, comptant, le premier, une population d’environ 350 millions d’habitants, le second, une population de l’ordre de 600 millions d’habitants (1). Cette population constitue, dans les deux cas, un véritable capital, et, sur le plan des relations internationales, une force et un élément de pression autant qu’une source de faiblesse. Sans doute ne faut-il pas méconnaître les difficultés immenses que la situation matérielle de ces populations suscite au gouvernement de l’Inde et les difficultés politiques que rencontre l’instauration en Chine du régime communiste. Il n’en est pas moins vrai que les deux nouveaux États asiatiques ont réalisé l’unification d’un immense territoire (l’Inde : 3.168.000 km2, la Chine : 9.980.000 km2) contrôlé par une administration plus ou moins efficace. Dans le cas de la Chine, l’expérience a été faite de l’efficacité de cette administration, au moins dans le domaine militaire. On a tiré de la guerre de Corée la leçon que l’armée chinoise était disciplinée, bien équipée, et que sa valeur combative était comparable à celle des meilleures troupes occidentales.
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