Les armes de destruction massive et leurs victimes - aspects médicaux, stratégiques, juridiques
L’appellation armes de destruction massive est apparue à l’occasion du bombardement de Hiroshima et, depuis lors, cette panoplie d’armements n’a eu de cesse de s’enrichir, et ce encore récemment avec les guerres du Proche-Orient, du Golfe, puis de l’Afghanistan, mais aussi avec les attentats devenus l’arme des peuples non industrialisés. Est ainsi apparue une arme au pouvoir égalisateur inattendu, utilisée par des peuples démunis, qui font vaciller les maîtres militaires de la planète. Ces instruments de terreur figurent donc désormais – comme le font remarquer, à juste titre, les docteurs Barriot et Bismuth – dans l’équation stratégique des États comme des groupuscules insurgés, les plaçant presque, les uns et les autres, sur un même niveau quant aux rapports de forces.
À côté de bien des facteurs tels la dépendance, la frustration, la misère, la xénophobie, le heurt des confessions et des cultures, les auteurs soulignent que la supériorité politique et stratégique, l’invulnérabilité garantie au groupe d’États possédant l’arme suprême ont contribué à la recherche, puis à la généralisation de procédés capables d’ébranler, voire de neutraliser cette écrasante supériorité. Ces armes dites sales singularisent donc le demi-siècle qui vient de s’achever et, sans doute, elles marqueront tout autant les prochaines décennies, tant elles sont les instruments de la coercition exercée par les puissances en quête d’hégémonie, ou plus simplement d’indépendance, aussi bien pour des minorités désespérées. Ainsi s’est enrichie la triste liste des moyens d’intimidation et de chantage. En outre, la militarisation des atomes, des molécules chimiques et des micro-organismes a considérablement élargi le champ des capacités de destruction, à l’heure où les vecteurs balistiques peuvent survoler les continents.
Toutefois, comme le font clairement apparaître les auteurs de cet ouvrage, depuis le 11 septembre 2001, la formule « armes de destruction massive » a été utilisée de façon excessive, inappropriée et dévoyée. De la même façon, le terme de « bioterrorisme » a établi un amalgame entre différents modes opératoires : chimique, biologique, nucléaire et radiologique, qu’il convient pourtant de distinguer clairement. C’est là aussi l’ambition de cet ouvrage qui offre au lecteur une analyse détaillée et complète de ce que sont ces armements, en présentant leurs vecteurs de dissémination, les modalités de protection et de préservation face à un tel danger, les modes de gestion hospitalière des victimes, ainsi que les approches cliniques de ces agents pathogènes.
Ce livre coordonné, d’une part, par Chantal Bismuth, professeur de médecine, ancien conseiller de défense auprès du ministre de la Santé, et d’autre part, par Patrick Barriot, médecin anesthésiste-réanimateur dont la carrière militaire s’est déroulée au sein d’unités opérationnelles, offre une nouvelle grille de lecture fondée sur de nombreux témoignages relatifs à la prise en charge des victimes d’armes non conventionnelles. Dans ce cadre, cet ouvrage offre à tous ceux qui s’interrogent sur la nature exacte de cette menace, ainsi que sur ses effets, une abondante source de documentation. Il constitue ainsi, un outil de travail et de réflexion fort approprié sur le sujet. ♦