6 août 1945 - Hiroshima
6 août 1945 - Hiroshima
L’histoire du Projet Manhattan est traitée avec brio par Paul Villatoux, docteur en histoire et spécialiste en histoire militaire. Le grand intérêt du livre est qu’il replace ce projet dans son contexte historique. L’auteur décrit les origines de l’arme nucléaire et donne les raisons de sa réalisation. Cette arme allait régir le monde et la géopolitique de l’après-guerre pendant près de quarante-cinq ans, évitant tout affrontement armé direct entre les deux superpuissances issues de la Seconde Guerre mondiale.
L’arme nucléaire continue à régir le monde, bien que son importance ait diminué depuis la création de zones dénucléarisées reconnues où son emploi est prohibé, l’apparition des conflits dits asymétriques, la formation de groupes terroristes, « travaillant » à l’international comme Al-Qaïda ou au régional comme le Hamas ou bien les FARC, faisant fi des menaces nucléaires éventuelles. En huit chapitres écrits dans un style accessible à tous, Paul Villatoux présente l’état de l’art en physique atomique à la veille et durant la Seconde Guerre mondiale, puis on suit au fil des chapitres la guerre dans le Pacifique, telle qu’elle est vue des États-Unis. Ces événements sont présentés avec de nombreuses photos d’époque.
Le chapitre premier est consacré aux sciences nucléaires entre 1930 et 1942 dans les quatre à six États seuls capables de mener alors des études sur l’atome. Le chapitre 3 est consacré au Projet Manhattan, extraordinaire aventure scientifique, technique et industrielle, de son origine en 1942 aux préparatifs du premier test en juillet 1945. La décision d’employer la bombe A pour forcer le Japon à capituler rapidement est expliquée au chapitre V, dans lequel sont présentés le bombardier B-29 Superfortress, vecteur chargé de transporter et lancer la bombe A, et le 509th Composite Group, unité spécialement créée en décembre 1944 pour cette mission. Les chapitres 6 et 7 traitent des missions sur Hiroshima et Nagasaki, et des résultats au sol. Le chapitre 8 est consacré à la capitulation du Japon, obligé « d’accepter l’inacceptable » déclare l’empereur Hiro-Hito à son peuple, et aux questions qui surgissent dans le monde entier sur l’arme atomique qui, à l’évidence, change les règles de la guerre et soulève des interrogations chez certains intellectuels et philosophes. Ainsi, Albert Camus réagit dès le 8 août, parlant de « la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles », et Jean-Paul Sartre, pipe au bec, estime, en octobre que le monde est désormais « en possession de sa propre mort ». Certains participants au projet, comme Einstein et Oppenheimer, deviennent des opposants à l’arme et à la course aux armements qui en découle. Car une fois le Rideau de fer tiré, la guerre mondiale terminée, la guerre froide commencée, Washington songe à utiliser, éventuellement, l’arme atomique contre l’URSS, l’ex-allié devenu adversaire sur l’échiquier mondial et, en 1949, puissance atomique.