La France a été un des pays pionnier du désarmement depuis les origines, une activité qui fut épisodique mais qui s’exerce désormais principalement dans le cadre européen. Sa posture nucléaire apparaît pourtant souvent comme conservatrice.
La France et le désarmement d'un siècle à l'autre
France and disarmament from one century to another
From the beginning, France was one of the pioneering countries in the field of disarmament, an activity that occurred from time to time and now happens mainly in a European framework. However, France’s nuclear posture often seems conservative.
Le désarmement, pris au sens le plus large (non-prolifération, maîtrise des armements, désarmement humanitaire, mesures de confiance, réduction des armements et désarmement au sens strict) et quel que soit son cadre (mesures unilatérales, négociations bilatérales et multilatérales), fait l’objet d’une attention particulière en France. Contrairement à une idée reçue, la diplomatie française a toujours été un acteur majeur du désarmement et a poursuivi une politique active et multiforme, depuis l’époque de la Société des Nations. Des efforts de Jules Moch à Genève (1) à la défense du régime de non-prolifération en passant par la critique du duopole américano-soviétique, la France s’est illustrée par un certain activisme à travers un grand nombre d’initiatives (plans français de 1978 et 1991 ; discours du président Mitterrand aux Nations unies de 1983 ou plus récemment du président Sarkozy à Cherbourg en 2008). La France compte ainsi parmi la poignée de pays qui détiennent une expertise tous azimuts en matière de désarmement et qui ont façonné le débat au XXe siècle.
Pour la période qui s’ouvre, il convient d’évaluer si l’agenda du désarmement va permettre à la France de conserver ce rôle ou si elle va se trouver de plus en plus sur la défensive en particulier du fait des progrès – provisoires ou durables – de la thématique de l’abolition des armes nucléaires.
La France et le désarmement : un acteur contraint et atypique
Face aux négociations de désarmement, la France a de tout temps cherché à concilier ses intérêts de puissance militaire et nucléaire et ses priorités diplomatiques qui ont pu l’amener à privilégier telle ou telle négociation ou à abandonner des catégories d’armement. À ce titre, elle se distingue d’autres diplomaties qui ont mis le désarmement au cœur de leur politique étrangère par tradition et au nom d’impératifs moraux. Dans cette catégorie, on retrouve plusieurs pays occidentaux (Suède, Irlande, Autriche, Norvège, Nouvelle-Zélande) et de grands pays du Sud comme le Mexique ou l’Afrique du Sud qui, souvent, ne sont pas liés par de fortes contraintes de sécurité comme l’appartenance à des Alliances militaires ou un environnement de sécurité trop exigeant. À l’autre bout de l’éventail, la plupart des acteurs stratégiques majeurs ont le plus souvent construit une diplomatie du désarmement essentiellement construite autour de la défense de leurs intérêts de sécurité. Enfin, la plupart des pays présents dans les grands forums multilatéraux suivent le mouvement général et souscrivent aux vues des groupes régionaux (non-alignés, groupe occidental, Union européenne) auxquels ils appartiennent sans être actifs dans la préparation de leurs positions.
Il reste 87 % de l'article à lire
Plan de l'article