Cette vaste réflexion révèle que l’entreprise du désarmement compose avec les réalités politiques, industrielles et technologiques, et laisse aux hommes une marge de manœuvre suffisante pour en orienter les efforts et en aménager les contraintes. Ainsi en va-t-il de la prolifération et de la dissuasion en 2010, année marquée par un vrai cycle de réflexion nucléaire.
Le désarmement : entre intemporel et temporel, entre idéal et pragmatisme
Disarmament: between permanence and change, between idealism and pragmatism
This wide-ranging study reveals that the business of disarmament is a compromise between political, industrial and technological realities, but that it leaves human beings with sufficient margin of manoeuvre to be able to direct their efforts and mitigate constraints. This is how things currently stand on the issues of proliferation and deterrence in 2010, a year in which there is a real nuclear debate.
En 1928 le pacte Briand-Kellog déclarait la guerre hors-la-loi. Mais il ne prévoyait aucun mécanisme permettant à la SDN de faire appliquer ce principe. Il ne s’agissait en somme que d’une déclaration de bonnes intentions sans engagement concret ; 63 États le signèrent sans pour autant se sentir contraints. C’est véritablement avec la charte des Nations unies adoptée en juin 1945 que le recours à la guerre fut placé sous la contrainte du droit international. Or, par une affreuse grimace de l’histoire, quelques semaines plus tard avaient lieu les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki.
Si les États-Unis avaient été en position de se réserver le monopole de l’arme nucléaire, on se serait trouvé dans une configuration absurde sans doute mais logique : ici un pouvoir de destruction absolu au demeurant fort embarrassant et ailleurs rien. Si au contraire les États-Unis avaient pris la décision d’y renoncer, si une agence mondiale du nucléaire avait établi une banque centrale des matières, la prolifération eût été vide de sens. Voilà bien des « si », pensera-t-on. Or toutes ces questions que l’on voit reparaître aujourd’hui ont été débattues très sérieusement entre 1945 et 1947. Un grand nombre de scientifiques de l’époque – mais pas tous (1) – ont rejeté avec horreur cette idée du monopole. Ont-ils eu raison ? Ils ont souhaité que d’autres États disposent du savoir nucléaire militaire. Certains sont même allés jusqu’à aider l’URSS. Dès lors qu’en 1948 celle-ci en dispose, la course aux armements est lancée créant une ère nouvelle dans la pensée du désarmement.
L’apparition de l’arme nucléaire constitue un nouveau facteur déclencheur de l’entreprise du désarmement. Elle va désormais prendre deux voies.
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