Le général Jean Nemo (1906-1971) est commandant supérieur interarmées aux Antilles-Guyane en 1960. Cette réflexion date de 1961.
Le contrôle de la course aux armements (octobre 1961)
Je ne suis pas d’accord sur la façon dont M. Bull a traité la question du désarmement. Elle me semble trop négative. Son livre souligne surtout les difficultés d’application des méthodes de toute nature qui permettraient aux grandes puissances de conclure un accord sur la réduction des armements. Il fallait évidemment faire apparaître ces difficultés, qui sont réelles, pour découvrir les moyens de les surmonter. Mais l’impression que donne ce livre (contrairement, j’en suis convaincu, aux intentions de l’auteur) pourrait encourager une sorte de fatalisme et de complaisance que, quant à moi, je ne puis accepter sous aucun prétexte.
C’est ainsi que l’Honorable John Strachey commence son commentaire sur le livre que M. Hedley Bull vient d’écrire sous le titre : Le contrôle (1) de la course aux armements (2). L’un et l’autre faisaient partie d’un groupe d’une quinzaine de personnalités qui ont étudié la question, à l’Institut d’études stratégiques, organisme privé dont le siège se trouve à Londres. Le vice-président du Conseil de cet institut, M. Richard Goold Adams, indique cependant, dans sa préface, que si les opinions exprimées par M. Bull lui sont propres, elles n’en reflètent pas moins dans leur ensemble celles des membres du groupe d’études.
Après avoir achevé la lecture de ce livre – lecture assez austère, on s’en doute – il nous a semblé intéressant de le résumer. Non pour prendre parti dans la courtoise discussion que nous venons d’indiquer, mais parce qu’il nous a semblé que l’exposé était dense, que l’analyse était complète, que les différents aspects de cette immense question étaient bien mis en valeur. Et, ajouterons-nous, parce que les objectifs que s’est assignés l’auteur nous ont paru réalistes et bien adaptés à la situation actuelle du monde. « Le monde est beaucoup plus compliqué que les arguments exposés dans ce livre, écrit l’auteur à la dernière page, et les destinées des nations ne sont pas déterminées par un simple choix sentimental ».
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