Pierre-Christian Taittinger (1926-2009), est ancien ministre et membre de la délégation française à l’ONU lors de la cession extraordinaire de l’assemblée générale sur le désarmement de 1978. Il est sénateur de Paris et adjoint au maire de Paris en 1980 au moment où il publie cette réflexion.
Les vicissitudes et les perspectives d'une politique mondiale de désarmement (août-septembre 1980)
Il n’est pas de moment privilégié pour tenter d’expliquer la nécessité du désarmement. Mais il est plus facile d’ouvrir ce dossier au lendemain d’un conflit qu’en période de crises. Qui pourrait nier que le 27 décembre 1979 restera un jour sombre pour tous ceux qui croient aux règles du droit international, et à la liberté qu’ont les peuples de disposer de leur destin ? Qui pourrait ignorer la présence des troupes soviétiques à Kaboul, le drame de Téhéran, la situation du Proche-Orient ? Dans un monde dangereux, déséquilibré, surarmé, il est essentiel, face à toutes les menaces, de garder intacte la lucidité de la réflexion et la maîtrise de l’action.
Ou la communauté internationale pratiquera la politique aveugle de la fuite en avant et s’accommodera du développement des tensions régionales pouvant aboutir à l’affrontement des deux superpuissances, ou au contraire elle recherchera la voie difficile, celle de la négociation et du règlement pacifique. Dans cette approche, les efforts déployés pour réduire les risques que court l’humanité du fait de l’accumulation des armements doivent être encouragés, même si dans de telles périodes, il semble risqué de croire à une volonté réelle de réduire la progression des armes. Du reste, faut-il continuer à utiliser ce vocable si puissant, « le désarmement », mais tellement démobilisateur, tant la tâche paraît insurmontable et l’entreprise vouée au scepticisme et à la fatalité : soixante années d’échecs ont rendu l’opinion publique incrédule.
L’histoire de l’humanité n’était-elle pas dominée par l’immense fresque de la course aux armements ? N’est-ce pas dans le domaine militaire que les progrès les plus spectaculaires ont été obtenus ? De la fronde de David au vaisseau spatial nucléaire s’inscrit la tragédie des hommes. Alors, tout en rêvant d’un désarmement universel et complet, dans un monde sans peur et sans haine, il convient de fixer au seuil du XXIe siècle les limites de l’entreprise.
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