L’actuelle crise systémique marque la fin d’un ordre et pose la question de son remplacement. Examiner le rôle des nouveaux acteurs étatiques ou non, la valeur des nouveaux processus politiques, économiques et sociaux et entrevoir les conditions d’un ordre alternatif issu de la confrontation d’autres modèles, voilà ce qu’évoque l’auteur.
Préambule - La bataille pour l’ordre mondial du XXIe siècle
The battle for a twenty-first century world order
The current systemic crisis marks the end of one world order and begs the question of its replacement. The author examines the role of the new state and non-state players, assesses the value of new political economic and social processes and offers a glimpse of the conditions for an alternative order resulting from the confrontation of other models.
Le XXe siècle est chronologiquement terminé, mais le XXIe n’a pas historiquement commencé. L’ordre établi au siècle dernier, ébranlé par les lames de fond issues de la chute du mur de Berlin, est clairement dépassé mais rien ne l’a remplacé. La crise financière de 2008-2009, puis celle qui a redémarré et frappe cette fois les États sont des crises globales qui pourraient être le creuset de la gestation d’un nouvel ordre mondial. Certaines directions ont déjà émergé, comme l’institutionnalisation d’un groupe d’États directeurs élargi, le G20. Mais il ne s’agit que d’architecture, et l’on voit bien que la marche des faits, pour l’instant, lui échappe. Cependant, derrière les faits et les « superstructures », n’y a-t-il pas déjà des forces à l’œuvre ? La structuration durable d’une communauté, en l’occurrence internationale, repose sur des règles de « vivre ensemble », acceptées volontairement ou non, selon que l’on est ou pas en démocratie. Les règles multilatérales d’hier sont remises en cause, mais existe-t-il pour autant des lignes structurantes qui pourraient fonder un nouvel ordre mondial ? Quelles sont-elles ? Qui les promeut ? Les institutions internationales ? Les États ? Des groupes d’États ? Le nouveau binôme États-Unis/Chine ? Les marchés ? Qui sont « les marchés » ?
État des lieux
On ne reviendra pas sur l’interdépendance, mot-clé du monde économique, politique, scientifique, technologique, culturel, sanitaire, environnemental… de ce début de XXIe siècle. La conséquence en est que les questions à régler, notamment celle de fond, non réglée au XXe siècle, qu’est l’adaptation des ressources de la Terre à la démographie et aux besoins croissants des hommes, sont toutes à multiples facettes et en état dynamique. Autre conséquence : les distinctions traditionnelles entre public et privé ont volé en éclat, avec une interconnexion voire une confusion des rôles entre États et acteurs privés dans la définition des quelques règles de gouvernance mondiale existantes.
En toile de fond, il est une vague qui affecte toutes les autres, celle de l’extraordinaire essor des moyens d’information, de communication et de connaissance, qui contribue à éparpiller les pouvoirs et les contre-pouvoirs en dehors des institutions « normalement » créées pour cela. Cet essor de l’information partagée facilite le développement sans précédent d’échanges propices aux évolutions scientifiques, techniques et culturelles, la décentralisation de la production de connaissance et de recherche, mais aussi le succès planétaire de concepts (voir par exemple celui du développement durable), la création d’opinions et d’émotions mondiales, ou encore leur surveillance et/ou leur manipulation.
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