L’enrôlement d’enfants dans les conflits modernes tend à se banaliser et pose la difficile question, militaire et juridique, de leurs affrontements par les armées régulières.
Les enfants soldats
Child soldiers
The recruitment of children in modern conflicts is becoming widespread and poses the difficult military and legal question of how regular forces are to deal with them.
L’utilisation d’enfants dans les théâtres de guerre reste une pratique courante qui remonte à l’Antiquité. Ce phénomène révoltant s’est même développé à l’époque contemporaine depuis l’apparition de la Kalachnikov. Ce fusil d’assaut qui équipe la quasi-totalité des mouvements insurrectionnels dans le monde est en effet une arme légère, facile à porter et à mettre en action par des combattants de petit gabarit et une jeunesse sous-alimentée. À ce constat s’ajoute une réalité cruelle sur les besoins des « recruteurs », en particulier des « seigneurs de guerre », qui voient dans cette main-d’œuvre docile et influençable des forces supplétives à (très) bon marché. Ce fait de société a interpellé les états-majors militaires, qui doivent prendre en compte l’intrusion de ces soldats hors normes et définir une ligne de conduite lorsque les troupes sont confrontées à ce type d’adversaires déroutants.
Une constante de l’Histoire
L’enrôlement de garçonnets dans les forces armées est déjà observé au IVe siècle avant J.-C. à Sparte où les jeunes sont éduqués dès l’âge de 7 ans aux disciplines militaires. Dans l’empire aztèque, entre le XIVe et le XVIe siècle de notre ère, les jouvenceaux doivent prouver leur virilité à 12 ans en ramenant du combat leur premier prisonnier. Au Moyen Âge, l’instruction des chevaliers débute par une formation militaire dès l’enfance (8-10 ans). Lorsqu’ils entrent dans la période de l’adolescence, les postulants à ce prestigieux ordre équestre deviennent écuyers en suivant des aînés qui les préparent à la violence des affrontements. Ce n’est qu’après ce long apprentissage qu’ils sont adoubés et reçoivent solennellement leur armure vers 18-20 ans. Au XVIIIe siècle, la Marine engage des gamins comme mousses sur ses bâtiments. Pendant la guerre de Sécession américaine, les deux camps ont abondamment recours à des enfants soldats pour pallier les terribles pertes de combattants. Au cours de la guerre des Boers en Afrique du Sud (1899-1902), le colonel britannique Baden-Powell réussit à résister au siège de Mafeking en créant sur place un corps de cadets composé de garçons de 12 à 15 ans qui sont utilisés comme messagers, observateurs, sentinelles et éclaireurs (scouts).
Les dictatures européennes du XXe siècle intègrent la jeunesse dans leur projet idéologique qui s’appuie sur l’encadrement de la population dès le plus jeune âge. Dans cette optique, le régime de Mussolini met en place une politique de prise en main des masses juvéniles qui sont embrigadées dans des organismes paramilitaires à partir de 6 ans (« enfants de la Louve ») et jusqu’à leur majorité où ils intègrent les jeunesses fascistes. Le procédé d’endoctrinement à outrance des jeunes gens est amplifié par l’administration nazie qui rend obligatoire l’incorporation des adolescents dans les jeunesses hitlériennes. Beaucoup sont recrutés dans la Wehrmacht pendant l’invasion de la Pologne puis lors de la campagne de Russie. Au cours de cet épisode sanglant de la Seconde Guerre mondiale, Staline procède également à l’envoi massif de combattants mineurs dans les cités menacées, en particulier à Stalingrad. Durant la bataille de Berlin, l’armée du Führer aux abois n’hésite pas à mobiliser des milliers d’enfants soldats pour enrayer la progression de l’Armée rouge.
Il reste 83 % de l'article à lire
Plan de l'article