Éthique et diplomatie - La place internationale du Vatican
L’Église catholique rassemble, aujourd’hui, environ un sixième de l’humanité. C’est, bien sûr, une institution à vocation essentiellement religieuse. Cependant, clercs ou laïcs, les membres de cette communauté sont tous, simultanément, citoyens de l’un des quelque deux cents États qui se partagent la planète. De plus, et à la différence de tous les autres groupements humains, dotés d’un caractère religieux, cette Église est fortement centralisée et hiérarchisée, sous l’autorité d’un seul homme, le Souverain Pontife. Ce titre rend bien compte d’un double caractère, ce que confirment les quelque deux mille ans d’histoire de l’Église ; la vocation d’universalité que celle-ci revendique, et qui transparaît dans le qualificatif de catholique, doit se comprendre dans le sens spirituel, mais ne peut éviter de déborder sur le plan temporel. Il est donc normal et nécessaire que la papauté entretienne avec le monde, organisé en États abritant quasiment tous des communautés de fidèles, des relations relevant de ces deux domaines, celui du politique et celui du religieux.
Rome, cœur de la chrétienté… et capitale de l’Italie
Certes, les chrétiens, orthodoxes ou protestants, reconnaissent le rôle éminent joué, aux premiers temps de l’Église, par la capitale de l’empire romain, lieu du martyre des apôtres Pierre et Paul. Mais, à leurs yeux, l’évêque de Rome a transformé, progressivement, ce lieu de souvenir et de dévotion en un lieu de pouvoir. Ainsi a été instaurée une « monarchie de droit divin », cette expression s’appliquant en son sens premier, à la hiérarchie de structure pyramidale qui régit cette Église romaine, même si, a contrario, et surtout au sein de l’épiscopat, le terme et la notion de collégialité ont été avancés dès les temps apostoliques et parfois à travers de graves crises, périodiquement au cours de l’histoire, jusqu’au concile Vatican II. L’autorité suprême, reconnue comme telle, unanimement même si ce fut de mauvaise grâce, voire dans un climat de contestation ayant mené parfois à la séparation, au « schisme », temporaire ou durable, réside en la personne du pape. Rome, en particulier, a toujours revendiqué le monopole de la nomination des évêques, contre les prétentions de certains pouvoirs séculiers, de la « querelle des investitures » à la « constitution civile du clergé ».
L’affirmation de la primauté des pontifes romains fut confirmée solennellement par le concile de Vatican I (1869-1870). Le magistère n’avait d’ailleurs pas jugé nécessaire de recourir à l’instance conciliaire depuis le concile de Trente (1545-1563), qui s’était donc déroulé trois siècles plus tôt. En fait, c’est la papauté qui tient la barre de la « barque de Saint Pierre » avec plus ou moins de vigueur, selon les circonstances extérieures mais aussi, selon la personnalité et le caractère du détenteur de cette autorité. Celle-ci s’exerce, sauf accidents de l’histoire comme le fut l’épisode avignonnais, à partir de Rome, dénommée ainsi, à juste titre, capitale de la catholicité. Il ne faudrait pas, cependant, faire abstractions des communautés, en communion avec Rome, mais héritières d’une longue tradition, remontant, pour certaines, aux premiers patriarcats apostoliques. Si leur importance numérique est modeste, elles attestent, par leur existence même, que le monde catholique ne se réduit pas à ce que l’on a appelé longtemps, en raison de la langue liturgique alors utilisée par elle, l’« Église latine ».
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