Au-delà des querelles personnelles et des tensions idéologiques qui continuent de la fragiliser, l’auteur s’interroge sur l’évolution à venir de l’Afrique du Sud. Entre perspectives autocratiques et guerre civile larvée, il esquisse un scénario de réconciliation-association capable de mobiliser toutes les forces du pays.
Afrique du Sud : et après ?
South Africa: what next?
This analysis of the future development of South Africa looks beyond the personal quarrels and ideological tensions that continue to divide the country. Against a background of the autocratic ambitions of some, and latent civil war, he outlines a possible scenario for reconciliation that has the potential to mobilise all the strengths of the country.
En avril 2009, s’est tenu en Afrique du Sud le quatrième scrutin législatif depuis l’instauration de la démocratie en 1994, à l’issue duquel Jacob Zuma a été élu chef de l’État.
Vingt ans après la libération de Nelson Mandela, le pays demeure profondément divisé. Le Congrès national africain (ANC) qui avait mené le combat contre l’apartheid a certes conservé une large majorité parlementaire, mais le mouvement est aujourd’hui miné par les querelles personnelles et les dissensions idéologiques. Ces divisions ont contraint en septembre 2008, le chef de l’État, Thabo Mbeki (qui avait été élu en 1999 puis réélu en 2004) à démissionner. Le Parlement sud-africain a alors élu Kgalema Motlanthe pour succéder à Thabo Mbeki, jusqu’à la fin de la législature. La récession économique, la criminalité endémique, la frustration de l’électorat noir comme le ressentiment de la minorité blanche, fragilisent la réconciliation nationale. Le deuxième mandat de Thabo Mbeki a été marqué par une détérioration sensible des relations entre la communauté noire et la minorité d’origine européenne. Une déception que n’hésitent plus à reconnaître ceux qui furent les hérauts du combat contre l’apartheid comme l’écrivain André Brink (1) ou Helen Suzman (2).
La population blanche estime que la réconciliation est menée à son détriment. La mise en place de l’ambitieuse et nécessaire Politique de promotion économique des Noirs (Black Economic Empowerment, BEE) montre ses limites. Cette politique visant à favoriser l’embauche de cadres noirs dans les entreprises et le transfert progressif du capital entre les mains d’investisseurs de couleur a permis l’émergence d’une bourgeoisie noire, parfois qualifiée de Buppies (black yuppies). Mais le BEE favorise la communauté noire, et entraîne de nombreuses frustrations au sein de la population blanche l’amenant parfois à choisir le chemin de l’exil. Depuis l’instauration de la démocratie en 1994, près d’un million de Sud-africains d’origine européenne – les Européens représentent en 2008, 9,2 % de la population du pays soit autour de 4,5 millions de personnes – aurait quitté leur pays. L’euphorie des premières années de liberté semble lointaine. L’unité de la nation affichée lors de la Coupe du monde de football, l’été dernier, reste fragile.
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article