États-Unis - Politique étrangère américaine
Les enjeux de politique étrangère n’ont guère pesé dans la victoire du parti Républicain aux élections américaines de mi-mandat, le 2 novembre 2010. Il n’y a là rien de surprenant. Exception qui confirme la règle, seule la Chine a suscité l’intérêt, ou plutôt la polémique au cours d’une telle campagne, entièrement axée sur les enjeux économiques. Toutefois, il serait hâtif d’en déduire que les résultats des midterms n’auront pas ou peu d’influence sur la politique étrangère. D’ici 2012, les nouveaux équilibres au Congrès joueront sans doute un rôle non négligeable de légitimation ou de catalyseur d’évolutions importantes. Certains recentrages plus ou moins anticipés par l’administration abondent en ce sens. Mais les conséquences les plus durables de l’expérience du pouvoir par les Républicains se manifesteront surtout après 2012. Quel que soit le prochain Président, est en jeu la capacité du parti Républicain à dépasser certains clivages afin de redevenir une force de proposition, sinon le « parti des idées » en politique étrangère, ce qui risque de se traduire le cas échéant par un durcissement de la politique étrangère américaine et un retour en force du courant néoconservateur.
Aux yeux d’un certain nombre d’observateurs, les midterms auront très peu, voire pas d’influence sur la politique étrangère. À gros traits, trois séries de raisons sont invoquées. D’abord le Président dispose d’un « domaine réservé » relativement vaste, et le parti Démocrate conserve la majorité au Sénat. Ensuite, la politique économique reste prioritaire, et les marges de manœuvre sur les budgets de politique étrangère, surtout sur les budgets de défense, sont minces. Enfin, les principaux enjeux de politique étrangère sont structurels et, partant, transpartisans. Les initiatives bipartisanes se font de plus en plus rares, la gestion des opérations en cours joue à plein sur les budgets, et bien que majoritaires à la seule Chambre des Représentants, les Républicains auront une influence accrue sur des dossiers majeurs de politique étrangère.
La première polémique suscitée par les midterms, sans doute plus symbolique qu’autre chose, porte sur l’avenir du nouveau traité Start signé avec la Russie. La ratification, qui requiert l’obtention d’une majorité des deux tiers au Sénat, soit 67 voix, s’annonce plus difficile à l’issue des élections, compte tenu des 6 sièges conquis par les Républicains. Néanmoins, ces derniers n’auraient rien à gagner d’un échec du traité, sinon la responsabilité d’une dégradation des relations avec Moscou, à l’heure où se font sentir les premiers effets de la politique de reset de l’Administration Obama. Une politique qui, au demeurant, divise les Républicains : les néoconservateurs ne l’estiment pas durable, tandis que les réalistes peuvent jusqu’à présent en approuver les principaux développements. Mais l’essentiel pour les Républicains est de réussir leur entrée en scène en apparaissant d’emblée comme un parti de gouvernement. À l’heure où nous écrivons, rien n’indique que la ratification ne pourra pas passer durant la lame-duck session. En contrepartie de celle-ci, les Républicains pourraient obtenir un effort supplémentaire dans la modernisation des armements. Mais les réels enjeux d’avenir qui risquent de pâtir des luttes partisanes au Sénat sont la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et, éventuellement, la globalisation de négociations post-Start avec la Russie, incluant les armes nucléaires non-stratégiques américaines de l’Otan.
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