Dans la perspective de la prochaine présidence polonaise de l’Union européenne, le parcours stratégique de la Pologne depuis la fin de la guerre froide montre qu’à l’affirmation de la nécessité de la réassurance militaire des États-Unis et de l’Otan s’ajoute désormais une nouvelle préoccupation européenne qui s’exprime notamment en corrélation étroite avec l’Allemagne et la France.
Entre atlantisme et européisme : l’approche stratégique polonaise
Between Atlantism and Europism: the Polish strategic approach
In the light of the forthcoming Polish presidency of the European Union, the strategic route followed by Poland since the end of the Cold War shows that in addition to confirmation of the need for military reassurance from the United States and NATO, there is a new preoccupation with Europe that is being expressed in close association with Germany and France.
Depuis vingt ans la Pologne est un État de droit, stable, souverain, démocratique, respectant les droits de l’homme et les droits des minorités nationales, avec une économie de marché qui, la seule parmi celles des 27 pays de l’Union européenne, a résisté à la récente récession. Elle est depuis 1999, membre de l’Otan et depuis 2004, de l’Union européenne. L’adhésion de la Pologne et des autres pays de l’Europe centrale et orientale aux organisations occidentales a mis définitivement fin à l’ordre international imposé à l’Europe en 1945 à Yalta qui divisait les États européens en deux groupes adverses. Les Polonais sont conscients qu’ils ne peuvent pas être seulement les bénéficiaires de la sécurité garantie par ces structures et qu’ils doivent y apporter leur contribution (1).
La Pologne a aujourd’hui une frontière commune avec sept pays voisins : la Russie, la Lituanie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Slovaquie, la République tchèque et l’Allemagne, pour la majorité membres de l’Union européenne. La situation géopolitique de la Pologne entre Allemagne et Russie qui était, à travers les siècles, la cause des malheurs et des désastres de la nation polonaise a complètement changé et aujourd’hui la Pologne se trouve dans un environnement international beaucoup plus propice. Il est dans l’intérêt de la Pologne d’avoir des bonnes relations avec ses voisins. Elle a réussi à les améliorer et à les stabiliser avec l’Allemagne. La Pologne attache une importance particulière à ses relations avec la Fédération de Russie et entreprend des efforts pour améliorer la coopération politique, économique, culturelle et scientifique avec son grand voisin oriental. Un pas important dans cette direction a été fait au cours de la visite officielle du président russe Dimitri Medvedev en Pologne les 6 et 7 décembre 2010.
La Russie constitue et constituera dans les années à venir le plus grand défi pour la politique de sécurité de la Pologne qui devra mener au sein de l’Otan et de l’UE, et dans d’autres organisations internationales, la politique d’une « prudente ouverture » consistant à ne pas s’opposer par principe aux tentatives de la Russie de resserrer la coopération avec ces organisations. Comme l’a dit récemment le président de Pologne Bronislaw Komorowski, le rapprochement entre la Russie et l’Alliance ne doit pas se faire « aux dépens de la sécurité » des pays d’Europe centrale et orientale (2). Il est dans l’intérêt de la Pologne que cette coopération ne conduise pas à une diversification du statut des États-membres au sein de ces organisations ou à une reconnaissance formelle d’une zone d’influence russe dans la totalité ou dans une partie de l’espace post-soviétique.
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