C’est dans les situations de combat ambiguës que se produisent des incidents meurtriers dommageables pour l’accomplissement de la mission par escalade d’emploi de la force en légitime défense. Dans cette réflexion éthique, l’auteur revient sur la hiérarchie de la protection des combattants et des innocents et approfondit le sens du sacrifice suprême.
« Escalade de la force »
‘Force escalation’
It is during ambiguous combat situations that fatal incidents occur which, through the escalation of the use of force in self-defence, are highly damaging to the successful completion of the mission. In this ethical review, the author looks at the hierarchy of protection for combatants and innocent bystanders and examines in depth the concept of supreme sacrifice.
Pour assurer leur légitime défense, les forces déployées sous le commandement de l’Otan doivent observer des règles d’engagement (Rules of engagement - ROE) précises et contraignantes. Ces consignes autorisent l’ouverture du feu à l’issue d’une procédure graduelle, sévèrement encadrée, censée prévenir, ou tout le moins limiter, les risques d’ouverture du feu non justifiée. Nonobstant, les incidents d’emploi erroné d’escalade de la force (« escalation of force » ou EOF) restent assez nombreux et causent des pertes civiles injustifiées. Il est admis que ces incidents ont un impact non négligeable sur la réputation des forces de l’Otan. Pour autant, leur impact éthique reste négligé, ce dont le présent article entend débattre.
Notre éthique militaire tout comme le simple impératif d’efficacité opérationnelle exige que nous épargnions les non-combattants. Évidemment, cela est bien compris des soldats de l’Otan qui font tout leur possible pour éviter ce qu’on a coutume d’appeler les « dommages collatéraux » ; alors même que les insurgés ne semblent pas avoir ce genre de scrupule et n’hésitent pas à mettre en danger la population civile dans nombre de leurs agissements.
Précisons d’emblée qu’il n’y a guère de débat éthique dans un engagement de force contre force. Les deux camps comprennent parfaitement à quoi s’attendre. Dans la confusion du combat, les pertes civiles ne s’érigent en question de portée éthique que dans la mesure où la force aurait été employée de façon immodérée ou disproportionnée. En Afghanistan, les insurgés recherchent délibérément ce genre de scénario, en se mélangeant à la population, en utilisant les zones habitées pour leurs opérations et, d’une façon générale, en s’efforçant avec constance et méthode de provoquer l’application de feux massifs sur des innocents. La Force internationale d’assistance à la sécurité (Fias) fait de son mieux pour ne pas tomber dans ce piège, même s’il persistera toujours le risque de tels errements.
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