L’auteur, expert de ces questions, nous permet d’accéder à une vision ordonnée de l’économie de défense qui mêle trop souvent de façon confuse dépense publique de défense, marché d’armement et industrie de défense. En différenciant ces différents domaines, il permet de placer la défense comme tissu industriel souverain et moteur d’innovation technologique.
L’économie de défense « pour les nuls »
The defence economy ‘for the uninitiated’
The author, who specialises in the subject, offers us a rational insight into the defence economy that all too often confuses the public justification of defence, the weapons market and the defence industry. By differentiating between these various fields, he allows us to situate defence as a sovereign component of the nation’s industrial fabric and a driver of technological innovation
Le décret 2009-752 du 23 juin 2009 qui a prononcé la refondation de l’Institut des hautes études de défense nationale a confié au nouvel institut, parmi ses différents champs de compétence, celui de l’économie de Défense, associé du reste à l’armement. À la lecture du décret et sous l’influence de son style administratif imperturbablement affirmatif, on serait enclin à penser qu’il s’agit là d’un champ bien défini, étudié depuis longue date, doté d’un appareil théorique et pratique éprouvé… bref : d’un objet connu. Las, il faut bien convenir qu’il s’agit plutôt d’un « opni », objet pédagogique non identifié, au sujet duquel circulent autant de définitions et de théories que d’experts. L’objet de ce court article est de tenter d’en donner quelques clés rudimentaires, mais qui pourront être utiles aux novices (auditeurs présents et futurs de l’IHEDN) qui voudraient l’aborder.
Que le champ de l’économie de Défense soit difficile à cerner, une des meilleures connaisseuses du sujet, Nicole Chaix, qui fut fondatrice et directrice de l’Observatoire économique de la Défense, en fait le constat : « L’économie de la Défense, comme l’économie de la Santé ou de l’Environnement, touche à une multitude de problématiques et de disciplines économiques. Qu’il s’agisse des aspects industriels ou organisationnels, de la qualification de la main-d’œuvre, des comportements des membres d’une alliance, des effets d’éviction ou d’externalité des dépenses de Défense sur l’ensemble de l’économie, elle recourt potentiellement à l’ensemble des outils à la disposition de l’économiste ».
Au-delà de cette difficulté à cerner le sujet selon des critères académiques, il est clair que l’économie de Défense est aussi porteuse d’enjeux politiques, qui compliquent son approche. Dans la préface qu’il signe pour l’ouvrage de N. Chaix déjà cité, Alain Richard, alors ministre de la Défense, et fondateur du Conseil économique de la Défense, indique : « Troisième poste de dépense de l’État, le budget de la Défense n’est pas uniquement producteur de sécurité. Les activités qui en découlent et leurs fluctuations affectent l’ensemble de l’économie, tant au plan national qu’au niveau local. Le ministère a besoin d’éclairer ses décisions par l’étude de ces impacts, qu’ils concernent des domaines d’activité comme la recherche ou des bassins d’emplois disséminés sur l’ensemble du territoire ».
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