Des Dirigeables pour demain - Défense et sécurité nationale
Des Dirigeables pour demain - Défense et sécurité nationale
Cet ouvrage reprend pour l’essentiel les actes de la table ronde tenue au Musée de l’air et de l’Espace du Bourget, sous l’égide du club Participation et Progrès. Réunissant spécialistes et passionnés français et européens des dirigeables, plus particulièrement intéressés par leurs applications militaires, cette table ronde aurait pu s’intituler « Tout ce que vous voulez savoir sur les dirigeables d’hier, d’aujourd’hui et de demain ».
En général quand on parle des dirigeables et de leur utilisation actuelle dans quelque domaine que ce soit, la réaction immédiate est toujours la même, un mélange d’images de la catastrophe du Zeppelin LZ 127 Hindenburg le 6 mai 1937 sur la base américaine de Lakehurst et de dirigeables emportés par les vents ou détruits par des balles incendiaires. Bref, le concept dirigeable est associé à deux défauts majeurs : la fragilité et la vulnérabilité, sans oublier son caractère vieillot pour ne pas dire archaïque.
Or, le premier mérite de cet ouvrage est de bien mettre en évidence le fait que la technologie des dirigeables modernes en matière, de sûreté par exemple avec l’utilisation de l’hélium au lieu de l’hydrogène, de propulsion, de manœuvrabilité, de structure et de vitesse notamment font de ces aéronefs des plates-formes très sûres, discrètes mais en même temps visibles, économiques et écologiques ; avec l’immense avantage de la permanence en vol. Après un bref rappel historique qui montre l’utilisation intensive du dirigeable pendant la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe puis sa relative éclipse, l’ouvrage souligne le regain d’intérêt suscité par ce vecteur à l’heure actuelle.
Son deuxième mérite est alors de dresser un bilan aussi complet que possible des différents projets en cours et des solutions technologiques envisagées. Celles-ci s’organisent autour de trois types de dirigeables : les petits dirigeables pour l’observation, la surveillance, le tourisme ; les dirigeables gros porteurs ; les dirigeables stratosphériques.
Le troisième mérite de cette table ronde a été de se concentrer particulièrement sur les applications militaires dans le contexte stratégique moderne et de mettre en lumière, à court terme, l’intérêt des petits dirigeables en mode captif ou non captif ou en mode drone, pour les missions de surveillance et d’observation dans un théâtre d’opérations aéroterrestre ou maritime ou pour les missions de sécurité intérieure. À moyen terme, les auteurs ont montré l’intérêt que présentent les dirigeables stratosphériques mais aussi la difficulté de réalisation des dirigeables gros porteurs. Il en ressort que le concept dirigeable permettrait d’apporter des réponses innovantes et économiques en matière d’équipement de nos forces de défense et de sécurité.
Enfin, l’ultime mérite de cet ouvrage, tout en mettant bien en évidence les avantages des dirigeables modernes, est d’en montrer aussi les limites. Le dirigeable ne peut pas tout faire, et en particulier, il n’est pas un substitut à l’hélicoptère, ni au drone. Il est un moyen complémentaire pour certaines missions.
Pour avoir été un défenseur et un promoteur acharné du dirigeable pendant de nombreuses années, j’ai été toujours scandalisé par le rejet de ce concept en France malgré de nombreuses démonstrations de son efficacité sur le terrain. Puisse cet ouvrage apporter des arguments suffisamment convainquant pour nos décideurs et surmonter les pesanteurs administratives et la perpétuelle fascination pour l’hyper-technologie.
En tout cas, je recommande fortement la lecture de ce livre à tous ceux et celles qui souhaitent se faire une idée complète et objective de l’utilité du dirigeable moderne notamment dans ses applications militaires. ♦