Démocratie durable - Penser la guerre pour faire l’Europe
Démocratie durable - Penser la guerre pour faire l’Europe
Sur les pas du philosophe Henri Hude, professeur d’éthique militaire, vous êtes invités au bain lustral d’un renouvellement intellectuel. Renversement des fausses idoles, contestation de la culture dominante dans nos démocraties occidentales, de son « politiquement correct », de l’exubérance irrationnelle entretenue par les médias et de l’individualisme érigé comme un absolu. Plagiant feu monsieur Ravaillac, disons que l’affaire s’annonce rude.
La démocratie durable dans une Europe réelle ne peut se faire sans se débarrasser du politiquement correct (PC), sans penser la guerre, sans mettre fin à la division des esprits entre fédéralistes, souverainistes, conservateurs et progressistes. Quant à l’éthique militaire, en fournissant le modèle, dans sa pureté de cristal, de la décision difficile, elle devient un des noyaux durs de l’éthique tout court. Un des pieds de nez fait aux tartuffes par notre redoutable philosophe.
Voyons de plus près en essayant de ne pas trop trahir la pensée de l’auteur par des raccourcis qui pourraient s’avérer par trop sommaires ou partiaux. Cette recension est d’ailleurs d’une longueur inhabituelle, faite avant tout pour inciter et préparer le lecteur au parcours attentif d’un ouvrage parfois un peu difficile, mais roboratif.
La mission de l’Europe
La mission de l’Europe, donc de la France, est de contribuer à établir dans le monde une paix plus juste, une paix qui ne peut exister sans elles. L’Europe ne peut être fondée comme puissance politique que si les Européens redécouvrent ensemble cette responsabilité morale et politique de niveau universel. Cette paix, excluant la guerre, ne peut être assurée que par un système satisfaisant des pouvoirs qui ne peuvent être ni le monopole américain ni le duopole conflictuel américano-chinois. C’est la mission de l’Europe que de reprendre un rôle de premier plan. Pour qu’elle joue son rôle, il faut qu’elle soit un pouvoir, ce qui signifie, à l’intérieur, de restaurer dans chacun des États l’autorité politique en rationalisant le fonctionnement des médias et en mettant fin à l’emprise injustifiée du politiquement correct ; à l’extérieur, de constituer une alliance militaire et diplomatique sans laquelle l’Europe ne peut posséder aucune crédibilité.
Le politiquement correct et sa culture d’impuissance
Le politiquement correct n’est pas un fait nouveau, c’est simplement une forme que prend la pression sociale de notre temps, quoi penser, quoi faire ? La disparition présumée de la pression de la contrainte et du conflit, laisse place à une monstrueuse inflation de l’hypocrisie, de la manipulation et du chantage affectif. La recherche du plaisir et la fuite devant la douleur deviennent des impératifs catégoriques, inventant un système d’hédonisme humanitaire moral, écologique et civique. Il s’agit là d’une monoculture superficielle, réductrice et intolérante. Ce qu’on peut lui reprocher n’est pas son dogmatisme et son autoritarisme qui sont naturels à toutes les cultures, mais son hypocrisie. « Dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne retient comme ultime mesure que son propre ego et ses désirs » (Cf. Benoît XVI).
Le mensonge collectif s’installe. Il domine largement le système éducatif, les médias et les discours publics. Les individus, ayant peur les uns des autres, sont demandeurs d’un pouvoir qui, en imposant le désarmement et la loi de paix, empêcherait l’éclatement de la guerre de tous contre tous. Chacun opine en fonction d’un désir de paix, les autres opinions ne pouvant qu’être inspirées par l’amour de la guerre ! C’est un système d’opinions passionnelles inspirées par la peur. Or, une démocratie de simple peur s’autodétruit en affirmant arbitrairement les opinions rassurantes et démagogiques qui sont inadaptées au réel. Ce dernier est composé des questions primaires de la survie physique, de la paix et de la guerre qui remettent au premier plan les questions de la religion, de la guerre limitée et de la maîtrise de la violence. L’homme n’est viable que par la culture qui le pacifie et le tempère, alors que la guerre toujours possible le menace de destruction si elle devenait totale.
L’individualisme arbitraire finalisé par la jouissance et retenu par la peur de la souffrance empêche matériellement un certain genre de guerre totale mais pour combien de temps ? Les guerres n’ont jamais été aussi totales en Occident que depuis que la modernité philosophique y est devenue culturellement dominante. L’homme a peut-être inventé la sécularisation pour sortir des guerres de religions, mais il est impossible de sortir de la religion, et celle du Christ a un rôle pacificateur insubstituable. Bien entendu c’est une pensée très perturbante pour des esprits issus des Lumières. Mais un cycle historique, celui de laïcisation pour cause de pacification politique, est bel et bien clos.
Le pacte social d’impuissance, à la place de la loi naturelle de liberté et de puissance, garantirait que la guerre n’aura pas lieu puisque nul n’aura la volonté ni la force de la faire. Étant faible, l’être humain n’ose plus juger ni critiquer. Ne s’engageant pas, il reste isolé, et s’il le fait, la moindre défaillance individuelle permet de discréditer toutes les institutions. L’individu moderne devient ainsi un homme de verre, fragilité nouvelle dans l’histoire. Il ne doit plus y avoir d’élite, et moins il y en a, plus il y a d’oligarchie et moins il y a de République. Tocqueville avait su prévoir « cette servitude réglée, douce et paisible » mais pas son ampleur.
Penser la guerre pour faire l’Europe
Pour faire l’Europe, il faut donc penser la guerre. L’Europe utile, c’est une Europe réaliste. Une Europe réaliste pense la guerre, la confrontation et la puissance. Une communauté politique est un ensemble humain où l’on admet, entre autres, de devoir risquer sa vie pour le défendre. Pour cacher que cette Europe unie, puissante et libre n’existe pas, le PC prétend que la guerre aurait cessé d’exister et que par conséquent on pourrait être citoyen, ou citoyen du monde sans en payer le prix. Depuis le communisme, c’est le plus gros mensonge collectif. C’est une naïveté de croire que le triomphe de l’individualisme fera disparaître la guerre. Rien n’empêchera qu’un petit groupe audacieux ne domine une grande masse, surtout si celle-ci a perdu tout esprit combatif et vertu guerrière. Pour éviter une nouvelle bipolarisation stratégique avec des États-Unis tentés par « l’Empire » et son hyperpuissance, et une Chine qui pourrait chercher par la force à l’extérieur les matières premières ainsi que l’exutoire à ses problèmes intérieurs, il faut une puissance d’équilibre. Ce ne peut être que l’Europe. Encore faut-il qu’elle soit capable d’imposer la paix par une action puissante.
Telle qu’elle est constituée, l’UE ne peut pas mener une opération de guerre au niveau global. Elle ne peut ni se protéger ni protéger quiconque. Proclamer Dieu le primat de l’individu et du privé absolu exclut le sacrifice au bien commun. Dans ces conditions faire le lien entre les armées et la nation est une mission impossible. L’Europe ne peut comprendre que ses forces armées sont au cœur de sa mission mondiale d’équilibre qui seule justifierait son existence. La fonction d’empire est une fonction de paix en principe positive. La mission de l’Europe est de travailler à sauver cette fonction en la dissociant de l’Impérialisme. Ce que les États-Unis peinent à faire. À défaut de pax americana, l’Europe et ses nations doivent donc se tenir au niveau universel de responsabilité. Mais la culture d’impuissance du politiquement correct les en empêche.
Qu’est-ce que la guerre, la démocratie durable et la guerre limitée ?
Les démocraties ne sont pas à l’aise avec la guerre. Elles en font trop ou pas assez. Dans les deux cas, ce n’est pas raisonnable. Depuis Clausewitz nous savons que la guerre est un acte politique où le militaire est subordonné au politique. C’est une dialectique des volontés qui vise à la décision, le retour à la paix. Sa structure doit être comprise à la fois mécaniquement et spirituellement.
La loi de la montée aux extrêmes est l’une des plus importantes de la guerre. Elle fait surgir le problème moral de la légitimité de la guerre. Quels sont les motifs qui légitiment une guerre totale et dans quels cas est-il raisonnable d’estimer que le niveau du conflit ne dépassera pas une sorte de moyenne ? La guerre totale en Europe réapparaît avec la poussée de la démocratie, la guerre oligarchique ayant tendance à demeurer limitée pour ne pas menacer le pouvoir des oligarchies. L’idéal démocratique est à la fois un facteur de paix et un facteur majeur de montée aux extrêmes. Si la guerre est totale, la bataille décisive sera une bataille d’anéantissement.
On peut appeler « modernité culturelle » l’ensemble de toutes les conditions culturelles propres à maintenir l’ordre tout en laissant se déployer la liberté. En Occident, la religion chrétienne et les grandes Lumières répondent à cette définition. Elles expliquent le développement exceptionnel de l’Europe. La survie de l’humanité requiert à la fois la possibilité de dégager des solutions de force sans lesquelles il n’y aurait plus de pouvoir et un efficace blocage culturel de la montée aux extrêmes. Tout en rejetant la guerre totale comme une négation de la liberté, les grandes Lumières approuvent au fond la notion de guerre absolue dès lors que cette même liberté est vue comme un absolu par une collectivité (peuple, nation, parti…). Elle doit conduire à l’humiliation du vaincu, au nom de la victoire d’un absolu sur un autre absolu et la guerre entre les hommes devient un combat entre les dieux. La liberté ou la mort.
Une guerre non totale serait une épreuve de force destinée à dégager une décision nécessaire et non obtenue par raison ou négociation, entre deux belligérants qui croient que la paix vaut mieux que la guerre et qui n’ont pas une conception trop farouche de la liberté. Il faut donc cultiver les sentiments de bienveillance sans ôter au droit le soutien de la force qui permettra de combattre énergiquement, sans cette espèce de fanatisme du moi qui conduit aux extrêmes. Tout cela est plus facile entre monarchies accessibles au sens de l’honneur ou entre oligarchies non idéologiques. Mais une démocratie durable, dépassant la modernité classique, celle de la Liberté absolutisée, doit être capable de faire énergiquement une guerre limitée tout en laissant à l’adversaire une porte de négociation.
La culture de paix doit donc inclure une culture de guerre limitée.
L’impuissance du pouvoir interdit la paix
L’impuissance du pouvoir engendre le pacifisme qui interdit la paix. Pour Hobbes, la guerre est l’état naturel de l’homme. La « liberté des pouvoirs individuels, égoïstes, arbitraires et irrationnels aboutit à la violence générale ». Le pouvoir doit contraindre cette « liberté », abaisser les pouvoirs et pour cela il doit être fort. Il n’y a pas de paix possible autrement, c’est la condition objective de l’existence d’une communauté politique. Le bon leader est obéi précisément parce qu’il n’a pas peur d’être désobéi, le mauvais se sent coupable et n’ose pas commander par défaut de force et de détermination.
La démocratie non durable est pacifiste par aversion du pouvoir de la chose militaire, elle est incapable de payer le coût humain de la guerre en termes de sacrifices, au nom de la « liberté » de l’individu. Mais elle est aussi belliciste car elle s’engagera à la légère dans des guerres à objectifs indéfinis ou idéologiques qui finissent en guerres totales. Pour elle, entre l’individu et l’humanité, il ne doit rien y avoir, tout est affaire intérieure, il n’y a plus d’ennemi, seulement des insurgés ou des délinquants. Tout est affaire de police, la guerre n’existe plus. Or qui craindrait de s’engager dans une affaire de police ? Pendant que ses ennemis pensent guerre, elle se laisse embarquer faute de saisir le caractère politique du conflit. Elle se justifiera de faire la guerre en disant que l’ennemi est un Mal absolu qui justifie une guerre d’anéantissement.
La démocratie pacifiste revient à la guerre totale.
Pourquoi la guerre ?
Si la démocratie durable veut se débarrasser de la guerre totale, elle doit redécouvrir la place de l’amitié dans l’être et la pensée, sans oublier le côté sombre de la nature humaine. Les animaux paraissent dotés d’inhibiteurs naturels instinctifs de leur violence qui font défaut à l’homme pour lequel il existe un potentiel de guerre de tous contre tous. Pour que l’homme, en tant qu’espèce et groupe social soit viable, il faut qu’existent des facteurs bloquants de la montée aux extrêmes qui soient inséparablement politiques et culturels. Il a dû s’en doter très vite, voire immédiatement par une sorte d’invention spontanée quasi naturelle. Le libéralisme classique terrorisé par la violence religieuse a voulu séculariser la société en ôtant le rôle fondamental de la religion dans l’imposition de la mesure à la violence. Or l’homme par nature n’est viable que doté d’une culture spontanée le constituant comme un animal religieux. La force qui permet à l’homme d’agir selon la mesure, c’est-à-dire la « vertu », s’acquiert aussi par l’effort moral, l’exercice et la privation, l’ascèse.
Démocratie durable, moralisme et responsabilité morale des dirigeants
Une démocratie n’est durable que si elle est capable de se battre. Ses leaders le savent et exercent leurs responsabilités en conséquence, avec toute la gravité et l’humanité requise.
La démocratie durable suppose de retrouver la morale. C’est impossible si le moralisme n’est pas surmonté. L’homme a autant de mal à vivre sans loi morale que sous la loi morale. La liberté sans loi morale est clairement une non-liberté et la liberté sous la loi se rencontre, dans la culture européenne notamment, dans l’Ancien testament et dans la philosophie pratique de Kant. Mais l’homme peut aussi abuser de la loi morale, le pharisien qui la transforme en ordre social autoritaire comme pour celui pour qui la destruction de la loi devient une fin en soi. Il faut donc tenter un style moral plus libre une sorte de liberté d’obéissance éthique faite d’amitié, de liberté, un produit subtil de l’esprit critique mûri, une redécouverte de la tradition morale, un dépassement de l’hypocrisie et des timidités, un élan vers ce qui est noble, une aspiration à l’héroïsme, une audace réformatrice, Corneille, Descartes, Bergson…
Lorsque la concurrence devient guerre, le militaire se trouve placé face à des décisions qui du point de vue moral et logique présentent la difficulté morale la plus aiguë. C’est donc dans le domaine de l’éthique militaire que peut le mieux s’élaborer le modèle pur de la décision difficile. C’est pourquoi l’éthique militaire est tout simplement un des noyaux durs de l’éthique tout court. La responsabilité morale des militaires force à affronter deux des plus graves problèmes éthiques, la contrainte et l’homicide. Car c’est un métier où l’on tue sur ordre. Du point de vue politique, c’est là un des points culminants du pouvoir et de la responsabilité du leader chargé de son exercice. La responsabilité morale du militaire est de répondre en sa conscience des actes par lesquels il a ôté la vie à son semblable devant cette loi morale fondamentale qui apparemment interdit de le faire. Il pourra ainsi donner la mort au combat, sans être délié pour autant de respecter la vie humaine. Toute la difficulté de sa position se trouve dans cette tension. Tuer un individu n’est licite que si, en ne le tuant pas, on prendrait le risque de tuer à la fois d’autres individus plus innocents et de laisser se perdre la dignité de la communauté elle-même. Sa mise en application relève de la prudence. Elle n’est pas aisée bien sûr.
Une démocratie saurait-elle être durable si elle devenait un amas d’individus égoïstes qui voudraient être défendus par un corps militaire digne et loyal, dont l’efficacité et la fidélité reposeraient sur le sens du devoir et du sacrifice ? On exploiterait les nobles sentiments des cadres et l’impécuniosité de la troupe, pour préserver le confort d’une masse de petits riches sans idéal ? Sans un minimum d’élévation morale partagée, tout héros mort pour la patrie ressemble à un idiot qui se serait fait escroquer. Est-ce bien cela la démocratie ? Ce ne serait qu’un ensemble d’individus partageant une culture d’impuissance, qui n’auraient pas le courage de se défendre, protégés par des mercenaires, dont on assurerait à la fois l’efficacité militaire et l’innocuité politique en préservant chez eux une culture de l’idéal et une morale exigeante. Or, « tous ceux qui ont à obéir en conscience et qui font exister l’État par leur discipline ont le devoir de rappeler qu’un homme libre n’obéit pas à n’importe quoi, ni à n’importe qui ».
Constitutionnaliser le Léviathan médiatique
Le fait que les médias ne soient pas régulés dénature complètement l’État constitutionnel. S’il n’y a pas de démocratie sans une presse libre, la réciproque est vraie et la constitution doit absolument prévoir la mise en cause de la responsabilité du pouvoir médiatique.
Les conflits nouveaux, pour une bonne part, ne font que reposer les problèmes classiques de la « petite guerre » et de son éthique. Historiquement la petite guerre a été le plus souvent le fait d’une résistance non étatique, usant contre un adversaire étatique d’un mélange de guérilla et de terrorisme. Elle occasionne de longues souffrances pour les civils, la rage des combattants, le rôle primordial de la ruse et la tentation permanente de la terreur et de la cruauté.
Les problèmes classiques posés par ces « petites guerres » se présentent cependant d’une manière toute nouvelle. L’intrusion des moyens de communication de masse a en effet révolutionné l’articulation entre le politique et le militaire. Ce dernier, en étant présent et actif sur un théâtre d’opérations, devient immédiatement un homme politique. Impliqué dans sa communication, il se trouve conduit, nolens volens, à prendre davantage en compte la politique de son État, dont la moralité est ce qu’elle est. Cette communication globale modifie la nature même du métier militaire et les problèmes de son éthique. La bataille décisive devient médiatique, tous les coups sont permis même les mensonges les plus énormes.
Dans les conflits des âges médiatiques, la vraie cible des adversaires des démocraties n’est donc pas la force militaire mais les opinions publiques, la clarté de leurs idées, leur force morale, bref la volonté politique populaire. L’emballement irrationnel provoqué par l’image permet de fabriquer de la « bonne victime », mise à profit pour inhiber la volonté adverse en fabriquant de la culpabilisation. Tout conflit se trouve désormais mis en scène dans un espace public compassionnel et la campagne militaire se double en permanence d’une sorte de campagne électorale devant l’assemblée des opinions publiques mondiales. Le militaire doit donc être capable d’intelligence politique face aux opinions publiques nationales et globales. Ce qui lui impose d’assumer une responsabilité morale supérieure. Et si l’on veut que son métier soit fait dans le droit et au service d’un droit supposé juste, il faut permettre au militaire de se regarder dans une glace sans y voir le visage d’un menteur à gages et d’un gladiateur, matériel de choix dans un spectacle de téléréalité.
Il est à prévoir que le soldat ne pourra plus défendre la moralité propre de son métier sans accepter d’assumer une responsabilité sociopolitique plus ample, sans intervenir dans le débat public avec la hauteur de vue et la réserve requises en refusant notamment avec fermeté tout rôle d’âme damnée ou d’histrion. En cela le militaire ne sera qu’à la pointe de l’objection de conscience civique rendue nécessaire par l’irrationalité éventuelle du gouvernement de la Cité, sous le régime du « Léviathan médiatique » qui affole et annule par caprice, intérêt, ambition les pouvoirs de l’État régulier. À quoi cela servirait-il qu’un État dispose d’un excellent corps de serviteurs, si la tête agit par caprice ?
Ainsi se pose d’une manière toute nouvelle le devoir d’obéissance à un pouvoir civil craintif et déboussolé par des médias auxquelles il n’a pas le courage de s’opposer. Il faut donc que le militaire sache à la fois obéir, sinon il n’est plus qu’un meurtrier de droit commun et désobéir car il ne peut pas faire n’importe quoi. C’est pourquoi il faut rendre possible une mise en cause de la responsabilité des médias. Il ne devrait plus être permis de mettre les politiques dans des situations où il leur devient pratiquement impossible d’exercer leurs responsabilités. ♦