Les actuelles mutations arabo-musulmanes dans la périphérie européenne suggèrent à l’auteur un nouveau paradigme stratégique pour dynamiser une UE fragilisée par la mondialisation. Le resserrement géographique de ses actions et de ses politiques lui apparaît comme l’un des moyens de stimuler une relance européenne articulée sur une géopolitique de la proximité.
L’Union européenne entre Méditerranée et Asie
The European Union between the Mediterranean and Asia
The current Arab-Muslim events on the European periphery suggest to the author a new strategic model to revitalize a European Union weakened by globalization. The re-ordering caused by these events seems to him a means of stimulating a European relaunch based on geopolitics of proximity.
Les bouleversements politiques qui se déroulent sur la rive sud de la Méditerranée sont l’occasion de repenser la stratégie de sécurité de l’Union européenne et de ses États-membres qui traversent simultanément une crise profonde et durable. Le processus de mondialisation est caractérisé par une interdépendance croissante mais variable entre les États et leurs tissus économiques et sociaux à l’échelle du globe. Les États européens deviennent, par conséquent, de plus en plus exposés à des événements et processus se situant au-delà de leurs frontières et pesant sur leur sécurité militaire, économique et énergétique. La mondialisation non maîtrisée pour les Européens signifie dépendance et impuissance.
À l’encontre d’une idée souvent répandue selon laquelle la mondialisation est un processus irréversible auquel les États doivent s’adapter en s’ouvrant davantage et en cherchant des opportunités lointaines, le « resserrement géographique » suggère un repositionnement stratégique des Européens sur les espaces géographiques déterminants pour leur sécurité. Le « resserrement géographique » peut se définir comme la prise en compte prioritaire du principe de « proximité géographique », afin de moins faire dépendre sa sécurité globale de processus non maîtrisables en raison de leur éloignement. Il favorise une concentration de l’action et une économie des moyens. C’est un principe à croiser avec d’autres priorités et non un objectif en soi.
Les principes de proximité et de maîtrise du territoire
Le « resserrement géographique » n’est pas un repli frileux par rapport aux évolutions du monde mais un moyen de regagner une liberté d’action par une maîtrise accrue de son propre territoire et de ses approches, afin de favoriser une exposition moindre à des forces non maîtrisables et réduire les pressions exercées par les autres puissances. La prise en compte du critère de la proximité géographique a aussi pour fonction de minimiser le phénomène de surextension qui fut fatal dans l’histoire à tout État ou empire. Il réduit aussi le risque de l’aveuglement idéologique dommageable aux principes de réalités géographiques et historiques. L’utopie « démocratiste » cherchant à plaquer un modèle occidental ou européen à l’échelle mondiale comme fondement d’une stratégie de sécurité est une illusion dangereuse. Une utopie veut dire « sans lieu » selon son étymologie grecque. Une stratégie de sécurité globale sans ancrage territorial n’est pas viable. Les catégories d’espace mais aussi de temps sont indispensables, ce qui relève du bon sens.
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