C’est à un large tour d’horizon des approches que contient cet ouvrage que se livre l’auteur qui a coordonné cette réflexion sur la Chine à l’été 2011. La puissance déconcertante de ce pays focal y apparaît avec ses contradictions dans les trois dimensions de sa personnalité stratégique actuelle : celle de sa dimension mondiale à l’ampleur grevée par sa fragilité locale, celle de son environnement régional à la maîtrise prudemment assumée et celle de sa contribution au système du monde à l’ambiguïté calculée face aux puissances établies.
Présentation - La Chine et son environnement stratégique
China and its strategic environment
The author coordinated the articles in this issue that summarises the situation in China in the summer of 2011. In his own article here, he offers a broad overview of the various contributions. The main feature to emerge from the analyses is the alarming power of this key nation, tempered by the contradictions of its current strategic personality, which has three dimensions: its global aspect whose scope is inhibited by its local vulnerability; its regional environment where mastery is assumed, albeit cautiously; and its contribution to the global scheme of things, inextricably linked to a premeditated ambiguity in all it does.
La montée en puissance de la Chine reste incontestablement l’événement le plus dimensionnant du système des relations internationales de ce début de XXIe siècle car il redessine les contours de bien des politiques étrangères nationales. La Chine, devenue la deuxième puissance économique mondiale, détient une part importante des créances de nombreux États au premier rang desquels les États-Unis ; elle investit massivement à l’étranger, devenant ainsi le banquier du monde. Elle semble traverser la crise économique sans encombre en affichant des taux de croissance annuels avoisinant les 10 %. Elle a produit une économie semi-libérale capable de s’adapter efficacement au processus de globalisation et attire les investisseurs du monde entier en leur ouvrant les portes d’un marché gigantesque. C’est le point de départ de la réflexion des auteurs de ce livre.
Parallèlement, la Chine s’impose comme un acteur de référence des relations internationales, un acteur qui fait le choix pragmatique d’une approche indirecte comme le relève Loïc Batel. Elle entend assumer ses ambitions régionales, notamment en mer de Chine où ses revendications sur plusieurs îles ne sont pas dissimulées, tout en participant à une kyrielle d’organisations et d’associations telles que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ou l’Ansea (Association des Nations du Sud-Est asiatique). Le G20 de Londres, d’avril 2009, a mis en évidence la volonté de la Chine de s’affirmer sur la scène internationale en refusant de se laisser dicter une ligne de conduite par quiconque et en affichant sa volonté d’être considérée comme une grande puissance. Par ailleurs, dans les déclarations officielles, la Chine souligne volontiers son attachement au dialogue entre les États, au multilatéralisme, et insiste sur l’« ascension pacifique » de ses ambitions mondiales. Cette dimension, comme le montre Tanguy Struye de Swielande, a de profondes racines culturelles.
La Chine doit faire également face à ses propres démons intérieurs que le discours officiel ne cherche plus à dissimuler. L’année 2012 verra se dessiner des relèves qui prendront en compte ces réalités qu’analyse Christian Quesnot. Car la croissance harmonieuse voulue par Deng Xiaoping dans l’intérêt du peuple reste porteuse d’inégalités criantes au sein de la population. Les droits de l’homme pris en considération par le Parti communiste chinois restent à de nombreux égards bafoués. En Chine, il n’existe pas de médias, de maisons d’éditions, de centres universitaires qui ne soient sujets au contrôle du Parti. La protection de l’environnement reste embryonnaire tout en figurant dans le XIIe plan quinquennal.
Il reste 90 % de l'article à lire
Plan de l'article