Un pays multiple, lié à son sol, à sa culture, à son peuple, puissant au centre, sourcilleux au Sud, le grand pays d’Asie.
Jours tranquilles au Zhongnanhai
Happy days for the Chinese leadership
China is the great Asian nation, complex in nature, rooted in its soil, its culture and its people, powerful at the centre yet suspicious, even narrow-minded, in the south
NDLR : Le Zhongnanhai est la résidence des hauts dirigeants du pays et du Parti. C‘est le kremlin de Pékin. On peut traduire par : « Aux mers du milieu et du Sud » (lacs de la vieille ville tartare).
Lorsque des volontaires de l’armée chinoise entrèrent en guerre en Corée, en octobre 1950, cette armée était encore celle du Parti. Celle qui, dix-sept ans plus tard devait faire basculer la Révolution culturelle en soutenant les éléments conservateurs, miliciens et paysans (en tout cas les maoïstes prêts à composer) contre les ouvriers et étudiants maoïstes « rebelles » défendant leur révolution. On se représentera que l’Armée populaire de libération (APL) n’a été un instrument de guerre que dans un petit nombre de cas presque fortuits.
Parapluies
L’armée chinoise a depuis lors changé de nature, cela étant propre à faciliter des décisions telles que celle qui, paraît-il, va conduire à payer des indemnités à quelques victimes de la répression armée qui frappa le peuple de Pékin à Tiananmen, en 1989. Dans les années sombres du XXe siècle, les intellectuels chinois n’auraient pas cru pareille chose possible. Lu Xun avait du mal à s’empêcher de penser que les Chinois fussent autre chose que des cannibales ; dans son Journal d’un fou, ce qui est la folie chinoise conduit à « continuer d’avoir bonne conscience sous un système politique barbare où les hommes sont contraints de s’entre-dévorer » (M. Loi, 1985). Le destin d’une armée que dans l’ensemble on chargeait de veiller aux querelles domestiques pourrait sembler tragique. Pourtant ses soldats paraissaient débonnaires et l’Armée du Peuple avait des parapluies. Je me souviens de ces gros parapluies de toile huilée avec un manche en bambou. Or, l’APL défendait alors ses stocks d’armes contre les jeunes rebelles de la Révolution culturelle. Quand le général en chef, Lin Biao, prophétisait la Guerre des Peuples (leur levée en masse contre l’impérialisme), la Chine comptait sur des forces étrangères, éparses dans le monde, nullement sur son armée. La Guerre des Peuples consistait à faire se dresser les autres.
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